Alors que des milliers de Roumains continuent de descendre quotidiennement dans la rue pour dénoncer la corruption, ActiveWatch a dénoncé le comportement inacceptable des forces de l'ordre qui ont physiquement et verbalement agressé de nombreux journalistes qui tentaient de documenter leur intervention.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 17 août 2018.
Reporters sans frontières (RSF) s’associe à son organisation partenaire en Roumanie, Active Watch, pour dénoncer les violences policières dont ont été victimes une quinzaine de journalistes lors d’une récente manifestation anti-gouvernementale et demande de faire toute la lumière sur les circonstances de cette intervention.
Alors que des milliers de Roumains continuent de descendre quotidiennement dans la rue pour dénoncer la corruption et demander la démission du gouvernement, ActiveWatch, l’organisation partenaire de RSF a dénoncé dans un communiqué, publié le 15 août, le comportement inacceptable des forces de l’ordre qui ont physiquement et verbalement agressé de nombreux journalistes qui tentaient de documenter leur intervention.
« Le nombre important de journalistes attaqués par les forces de l’ordre laisse à penser que la gendarmerie a délibérément cherché à empêcher les citoyens d’être informés de la manière dont elle était intervenue contre les manifestants » dénonce notamment ActiveWatch.
Une enquête a été ouverte par le procureur militaire. « Des ordres ont-ils été donnés pour empêcher les journalistes de faire leur travail ? Il est indispensable de faire toute la lumière sur ces violences contre la presse qui sont indignes d’un Etat membre de l’Union européenne » déclare pour sa part RSF. L’organisation se joint par ailleurs à ActiveWatch pour demander aux forces de l’ordre de communiquer les règles d’intervention contre des journalistes qui couvrent un événement public et les sanctions prévues en cas de non respect de celles-ci.
Une quinzaine de journalistes, appartenant à différentes rédactions (DW, Casa Jurnalistului, Documentaria.ro, Agerpres, Digi24 news TV…) ont été la cible de violences policières lors de la manifestation anti-gouvernementale du 10 août 2018. Le journaliste du site d’actualité Hotnews.ro, Robert Mihăilescu, a notamment été frappé et insulté par des gendarmes qui détruisaient au même moment son téléphone. Bien que tenant à bout de bras sa carte de presse et son appareil, la photographe indépendante Ioana Moldovan s’est faite asperger le visage de gaz lacrymogène et menacer d’agression sexuelle par un gendarme.
Les correspondants étrangers ont aussi été ciblés : deux journalistes de la chaîne d’information autrichienne ORF, le cameraman Robert Reinprecht et le présentateur Ernst Gelegs, ont respectivement essuyé des coups de matraques et été violemment plaqués contre une barrière.
Plus de 450 manifestants, dont une trentaine de gendarmes, ont été blessés pendant les affrontements qui ont opposé des dizaines de manifestants aux forces de l’ordre lors d’un rassemblement anti-gouvernemental qui avait réuni environ 80.000 personnes le week-end dernier dans la capitale, Bucarest.
La Roumanie occupe la 44e place sur 180 dans le Classement RSF 2018 de la liberté de la presse.