Reporters sans frontières est profondément indignée par l’interpellation par les autorités britanniques de David Miranda, mari et collaborateur de Glenn Greenwald, blogueur qui a publié les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de surveillance de la NSA.
MISE À JOUR de Reporters sans frontières: L’acharnement coupable du gouvernement britannique contre le Guardian (20 août 2013)
Reporters sans frontières est profondément indignée par l’interpellation par les autorités britanniques de David Miranda, mari et collaborateur de Glenn Greenwald, blogueur qui a analysé et publié les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de surveillance de la NSA. Interpellé le 18 août 2013 à l’aéroport de Heathrow, David Miranda a été relâché au terme de neuf heures d’interrogatoire sous le régime du Terrorism Act. Tout son matériel électronique lui a été confisqué, y compris son téléphone portable et son ordinateur.
“Assimiler journalisme et terrorisme est une pratique bien connue des Etats répressifs à travers le monde. En s’y livrant à leur tour, les autorités britanniques franchissent une ligne rouge. Nous sommes très préoccupés par cette dérive inacceptable au regard des obligations de Londres en matière de liberté de l’information et de protection des sources. Par cet acte arbitraire, les autorités britanniques ne font que souligner à quel point les révélations de Snowden et Greenwald sont légitimes et nécessaires”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Julian Assange confiné dans les locaux de l’ambassade équatorienne à Londres, Edward Snowden bloqué plusieurs semaines dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou, la documentariste Laura Poitras confrontée à des entraves répétées dans ses déplacements qui affectent son activité professionnelle… La multiplication de ces atteintes à la liberté de mouvement souligne l’urgence de protéger les lanceurs d’alerte et les journalistes qui publient leurs révélations.”
David Miranda, ressortissant brésilien de 28 ans, était en transit pour Rio de Janeiro à l’aéroport de Heathrow (Londres) dans la matinée du 18 août 2013, lorsqu’il a été interpellé et retenu sans avocat durant neuf heures, soit la durée de garde à vue maximale autorisée par l’article 7 du Terrorism Act. Aucun lien entre M. Miranda et une quelconque activité terroriste n’a pourtant été établi ni même signifié à ce dernier, comme l’explique Glenn Greenwald sur son blog : “[les policiers britanniques] n’avaient de toute évidence aucun soupçon quant à l’appartenance de David à une organisation terroriste ou à une éventuelle implication dans un acte de terrorisme. Ils ont passé leur temps à l’interroger sur les enquêtes conduites par Laura Poitras, le Guardian et moi-même sur la NSA.”
Derrière le prétexte fallacieux d’une activité terroriste inexistante, les autorités britanniques ont cherché à déstabiliser Glenn Greenwald et Laura Poitras, une documentariste ayant également travaillé avec Edward Snowden, et que David Miranda était venu rencontrer à Berlin. Il est aussi probable que les révélations du Guardian sur les pratiques de surveillance du GCHQ, l’équivalent britannique de la NSA, soient l’une des raisons de cette interpellation. Au-delà, l’interrogatoire auquel a été soumis David Miranda a tout d’un message d’intimidation adressé à l’ensemble des journalistes travaillant sur les pratiques de surveillance des services britanniques et américains.
Glenn Greenwald, qui estime que les autorités britanniques “ont totalement détourné leur propre loi anti-terroriste”, a pour sa part exprimé sa détermination à poursuivre ses révélations : “Si les gouvernements américain et britannique pensent que ce genre de tactique nous dissuadera de continuer à travailler sans concessions sur ce que ces documents révèlent, ils se trompent largement. Bien au contraire, cela aura l’effet inverse : nous motiver encore davantage.”