RSF approuve le décret du Président de la République d'Afghanistan qui facilite l'activité des médias et lutte contre l'impunité des crimes envers les journalistes.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 3 fevrier 2016.
Reporters sans frontières (RSF) approuve le décret le 31 janvier du Président de la République d’Afghanistan qui facilite l’activité des médias et lutte contre l’impunité des crimes envers les journalistes.
Le décret présidentiel est clair : « ni le procureur, ni aucune institution d’État ne peuvent poursuivre les médias et les journalistes pour un éventuel délit sans l’avis de la commission des médias. » Cette commission prévue par la nouvelle loi sur la presse réunit représentants des médias, associations de journalistes et responsables gouvernementaux. Son rôle est d’entendre et de vérifier les plaintes contre les médias avant une action de la justice. Ces dernières années, toutefois, plusieurs organes d’État et notamment le parquet général avaient convoqués les journalistes de façon tout à fait arbitraire.
Autre décisions d’importance dans ce texte, la polices et les services de sécurité reçoivent l’ordre d’améliorer leur comportement vis à vis des journalistes, de respecter la loi sur l’information, et de réouvrir les dossiers des journalistes assassiné ces dernières années. Selon la Fédération des journalistes d’Afghanistan, partenaire de RSF dans le pays, “le décret est le fruit de deux mois consultations et de débats entre la fédération, les associations de défense des médias, et le Président de la République.”
Les agressions policières à l’égard des journalistes persistent. Dernier cas en date, le 17 janvier 2016, Mohammad Ehsagh Akrami, journaliste pour la radio Killid dans la province de Bamiyan a été frappé par les gardes du corps du commandant de la police sous les yeux de ce dernier. Le journaliste était en train de filmer la violence de ces hommes contre d’autres policiers.
Deux jours avant la publication du décret, dans la province de Nangarhar, Mohammad Zober Khaksar, ancien journaliste de la radiotélévision nationale a été tué par des balles d’hommes armés inconnus. Éditorialiste du journal Araman Mili et collaborateur de plusieurs médias depuis 30 ans, il avait récemment été nommé conseiller culturel du gouverneur de la province. L’assassinat n’a pas été revendiqué. Les autorité afghanes, comme le président Ashraf Ghani et le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah, avaient demandé des enquêtes approfondies.
Depuis des mois, plusieurs médias ont été cibles d’attaques de groupes armés. Le 12 juin 2015, les bureaux régionaux de l’agence de presse indépendante afghane Pajhwok et de la radio publique américaine Voice of America (VOA) ont été détruites par l’explosion d’une bombe artisanale. Dans la soirée du 10 au 11 octobre 2015 c’est la porte et une partie du mur du bâtiment qui abrite le bureau régional de la radio Killid et de la radio locale Safa, à Jalalabad (province de Nangarhâr) qui avait été visées.
Officiellement, le procureur général avait été saisi par le 1er vice-président en novembre 2014, et chargé de la réouverture des dossiers de journalistes assassinés. Il avait en suite déclaré “que les dossiers seraient attentivement étudiés afin que les coupables soient reconnus et punis”…. mais aucune affaire n’a jusqu’ici abouti.
« Nous espérons que cette fois, après le décret du Président de la République, la lutte contre l’impunité sera menée à son terme. Les victimes et le peuple afghan ont droit à la vérité et à la justice, déclare Reza Moini, responsable du bureau Afghanistan de RSF. L’un des principaux éléments de la violence contre journaliste est cette impunité dont jouissent les auteurs d’exactions. Nous rappelons encore une fois que l’assassinat de journalistes afghans n’est pas seulement un crime contre la liberté d’expression mais peuvent être considérés comme ‘ des crimes de guerre ‘ et, à ce titre, sévèrement réprimés ».