(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande au gouvernement fédéral de transition somalien d’expliquer publiquement les raisons de la fermeture, le 6 juin 2007, de trois radios privées de Mogadiscio, et notamment de traiter les accusations portées contre la station privée HornAfrik avec la plus grande prudence. « L’hostilité du gouvernement envers ces médias est notoire. Jusqu’à […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande au gouvernement fédéral de transition somalien d’expliquer publiquement les raisons de la fermeture, le 6 juin 2007, de trois radios privées de Mogadiscio, et notamment de traiter les accusations portées contre la station privée HornAfrik avec la plus grande prudence.
« L’hostilité du gouvernement envers ces médias est notoire. Jusqu’à aujourd’hui, malgré les mises en garde, il n’est pas parvenu à nouer un dialogue constructif avec elles. Fermer des radios et mener des perquisitions dans leurs locaux en les accusant d’être complices du terrorisme sont des actes graves. Si des éléments sérieux venaient à être retenus contre elles, il faut que les autorités fassent preuve d’une grande transparence et d’un esprit d’équité, en prenant notamment en compte le sort des journalistes, que les accusations qui leur sont portées précarisent davantage et exposent à la violence politique qui règne dans le pays. Dans le cas contraire, ces radios doivent pouvoir reprendre leurs émissions au plus vite », a déclaré l’organisation.
Le ministre de l’Information, Madobe Nounow Mohamuda, a adressé une lettre aux stations privées HornAfrik, Shabelle et Quran Kariim (Coran sacré), leur ordonnant de cesser d’émettre. Dans son courrier, le ministre affirme que ces médias sont « créateurs d’hostilité, soutiennent le terrorisme, violent la liberté de la presse, sèment la confusion dans la population et mobilisent des forces antigouvernementales ». Il spécifie par ailleurs que « leurs propriétaires sont responsables des actions mentionnées ci-dessus et devront en rendre compte », signifiant qu’ils pourraient être poursuivis. Après avoir reçu ce courrier, dans la journée du 6 juin, les trois radios ont stoppé leur diffusion.
La direction de HornAfrik estime que les accusations du gouvernement sont infondées et qu’il s’agit de la « tendance habituelle du gouvernement à s’en prendre à la liberté d’expression ». De son côté, le gouverneur adjoint de la région de Banadir, chargé des affaires politiques et sécuritaires, Abdifatah Ibrahim Shawey, cité par le site http://www.dayniile.com, a affirmé que, lors d’une opération sécuritaire à Mogadiscio, la police avait découvert un « important arsenal de divers types d’armes », chargé sur un véhicule 4×4 Mitsubishi N3 caché dans le bâtiment de la radio. Le gouvernement n’a pas donné d’informations supplémentaires concernant la fermeture des autres radios, mais a fait procéder, le 7 juin dans la matinée, à une perquisition dans les locaux de Shabelle.
Cibles fréquentes de l’hostilité du gouvernement de transition, les trois radios sont accusées de traiter l’actualité de manière partisane, en faveur de la mouvance islamiste somalienne. Elles avaient déjà été fermées 24 heures en janvier 2007, après la diffusion d’informations contestées sur la situation sécuritaire dans la capitale. Le 21 avril, alors que des combats se déroulaient à Mogadiscio, les bureaux de HornAfrik avaient été touchés par sept obus, blessant deux employés.