(RSF/IFEX) – A l’occasion de la « Journée sans journaux » qui se tiendra, le 28 mai 2001, à Alger et dans plusieurs villes de province, RSF réaffirme sa solidarité avec le mouvement de protestation de la presse algérienne. « Les journalistes algériens avaient la chance de jouir d’une liberté sans commune mesure avec celle de leurs confrères […]
(RSF/IFEX) – A l’occasion de la « Journée sans journaux » qui se tiendra, le 28 mai 2001, à Alger et dans plusieurs villes de province, RSF réaffirme sa solidarité avec le mouvement de protestation de la presse algérienne. « Les journalistes algériens avaient la chance de jouir d’une liberté sans commune mesure avec celle de leurs confrères de Tunisie ou du Maroc », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « L’adoption, le 16 mai dernier, du projet d’amendement du Code pénal qui renforce les peines d’emprisonnement et les amendes pour les délits de presse constitue un recul dramatique pour la liberté de la presse dans ce pays. Renforcer les peines de prison et les amendes en cas de « diffamation » traduit la volonté des autorités algériennes, d’une part, de contraindre les journalistes à recourir à l’autocensure et, d’autre part, de pousser les journaux à la faillite », a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l’organisation a, par ailleurs, fait une demande de visa pour l’Algérie, le 23 mai, afin d’assister au rassemblement, prévu le 28 mai, place de la Liberté de la Presse, à Alger. A ce jour, l’organisation n’a pas reçu de réponse de la part des autorités algériennes.
RSF rappelle qu’en janvier 2000, Abid Hussain, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, a demandé « à tous les gouvernements de veiller à ce que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d’emprisonnement, sauf pour des délits tels que les commentaires racistes ou discriminatoires ou les appels à la violence ».
RSF rappelle également que le 17 mai, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il a exprimé « sa préoccupation au sujet du projet de modification des articles du Code pénal qui concernent la presse ».
Depuis le début de l’année, RSF s’est prononcée, à trois reprises, contre ce projet d’amendement du Code pénal. L’organisation avait notamment demandé aux membres d’une délégation européenne en visite à Alger, le 24 avril, d’aborder la question de la législation sur la presse avec les autorités algériennes. Dans une lettre adressée, le 17 mai, au chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, RSF lui avait demandé d’user de toute son influence afin que le Conseil de la Nation (le Sénat) n’adopte pas ce texte. Les sénateurs doivent se prononcer sur ce projet dans la semaine du 28 au 31 mai.
En mai, un photographe a été maintenu en détention préventive pendant une semaine pour un délit de presse. Saad Djaffar, photographe de l’hebdomadaire arabophone « Mechouar el Ousbou’a » a été arrêté, le 7 mai, suite à la parution de la photo d’une jeune fille illustrant un reportage sur la prostitution (« Mechouar el Ousbou’a » du 25 avril 2001). Bien que le photographe ait expliqué au tribunal avoir commis une erreur – la jeune fille de la photo n’ayant rien à voir avec le sujet -, la famille de cette dernière a décidé de maintenir sa plainte. Le 13 mai, le photographe a été condamné à quatre mois de prison avec sursis ; l’auteur de l’article, le rédacteur en chef et le chef du personnel du journal à six mois avec sursis.
D’autres peines de prison ont récemment été prononcées à l’encontre de journalistes. Le 7 avril, le tribunal d’Oran a condamné à six mois de prison Arab Izarouken, directeur de publication de « La Voix de l’Oranie », et Aouari Abdelkrim, chef de la rubrique locale du même journal (consulter l’alerte de l’IFEX du 12 avril 2001). Les deux hommes étaient poursuivis pour avoir publié une lettre ouverte, le 1er novembre 2000, intitulée « Aux charognards de la mafia politico-administrative et financière d’Oran ». Une personnalité de la région avait cité nommément quatorze personnes accusées de faire partie d' »une mafia locale, responsable de la dilapidation du foncier à Oran ». Les journalistes ont fait appel.
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