(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières accueille avec satisfaction le retour en Belgique, le 20 novembre 2005, du père Guy Theunis, ancien responsable de la revue « Dialogue », incarcéré à la prison centrale de Kigali depuis le 6 septembre. L’organisation se tient à la disposition de la justice belge, afin de démontrer l’inconsistance des témoignages et des […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières accueille avec satisfaction le retour en Belgique, le 20 novembre 2005, du père Guy Theunis, ancien responsable de la revue « Dialogue », incarcéré à la prison centrale de Kigali depuis le 6 septembre. L’organisation se tient à la disposition de la justice belge, afin de démontrer l’inconsistance des témoignages et des « pièces à conviction » présentées contre lui au Rwanda, ainsi que le caractère purement politique de son dossier.
En vertu d’un accord entre Kigali et Bruxelles, le prêtre journaliste a quitté le Rwanda sans escorte, le 19 novembre, à bord d’un vol commercial à destination de la Belgique. Il est arrivé le 20 novembre dans la matinée et a été aussitôt entendu, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en Belgique.
Au terme d’une mission d’enquête au Rwanda, Reporters sans frontières a publié, le 4 novembre, un rapport démontrant que le père Guy Theunis est innocent des faits dont on l’accuse. Les « preuves » présentées contre lui avant, pendant et depuis la tenue de la gacaca (tribunal traditionnel) n’ont aucun fondement. Une poignée d’individus, poussés par des motivations personnelles ou politiques, a monté un dossier contre lui dans l’urgence. Guy Theunis a été victime d’une vendetta personnelle menée par quelques tenants du pouvoir qui ont profité du passage de l’ancien journaliste de « Dialogue » au Rwanda pour lui faire payer son engagement religieux, ses dénonciations des violations des droits de l’homme commises par le Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir), ou tout simplement pour régler des comptes personnels.
Le père Guy Theunis avait été arrêté le 6 septembre à l’aéroport de Kigali alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour retourner en Belgique. Il s’était rendu dans l’est de la République démocratique du Congo voisine pour participer à un séminaire sur la paix et la réconciliation. Agé de 60 ans, ce missionnaire belge, membre de la Société des missionnaires d’Afrique, était le premier ressortissant étranger à comparaître devant les gacacas, ces tribunaux populaires mis en place pour juger les centaines de milliers d’individus toujours détenus et accusés d’être impliqués dans le génocide de 1994.
Le 11 septembre, à l’issue d’une audience publique, une gacaca du district de Rugenge (Kigali) avait placé le père Guy Theunis dans la catégorie 1 des individus accusés d’avoir une responsabilité particulièrement grave dans le génocide de 1994. Il avait aussitôt été renvoyé à la prison centrale de Kigali. Il est accusé d’incitation à la haine et au divisionnisme, notamment pour avoir publié des extraits d’articles du journal extrémiste « Kangura » dans une revue de presse éditée par « Dialogue ». Ce travail avait pour objectif d’informer les abonnés des dérives des médias extrémistes.