(RSF/IFEX) – Mathieu N’Do, directeur de l’hebdomadaire « San Finna » et membre du bureau politique de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD, parti d’opposition), a été arrêté par la police burkinabé, le 5 novembre 2004, à l’aéroport de Ouagadougou. Depuis, il est détenu au camp CRS du Secteur 28 et n’a pu communiquer […]
(RSF/IFEX) – Mathieu N’Do, directeur de l’hebdomadaire « San Finna » et membre du bureau politique de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD, parti d’opposition), a été arrêté par la police burkinabé, le 5 novembre 2004, à l’aéroport de Ouagadougou. Depuis, il est détenu au camp CRS du Secteur 28 et n’a pu communiquer ni avec ses proches ni avec son avocat.
RSF demande à la direction générale de la police nationale de faire connaître les chefs d’accusation portés à l’encontre de N’Do. « Si ce journaliste, qui est aussi une figure de l’opposition au Burkina Faso, a été arrêté pour ses écrits, nous ne pouvons que condamner cette mesure arbitraire du ministère de la Sécurité, a déclaré l’organisation. Si ce n’est pas le cas, nous appelons le gouvernement à le faire savoir publiquement et, quoi qu’il en soit, à accorder à Mathieu N’Do le droit de se défendre, conformément à la loi ».
Selon les informations de RSF, N’Do a été interpellé sur ordre de la Direction générale de la police nationale, à son arrivée à l’aéroport de Ouagadougou en provenance d’Abidjan, le 5 novembre à 15h00 (heure locale). Le journaliste rentrait d’un séjour de deux semaines en Côte d’Ivoire, d’où il avait envoyé plusieurs reportages à son hebdomadaire. Il a été conduit au camp CRS du Secteur 28, où il est toujours détenu.
Mobilisés à l’annonce de son arrestation, les collaborateurs de son journal ont demandé à la police l’autorisation de lui faire parvenir de la nourriture, des vêtements, un savon et une serviette. Selon leur témoignage, la police n’a accepté de lui transmettre que la nourriture et le savon, sans donner d’autres explications.
La Direction générale de la police nationale, contactée plusieurs fois par RSF, n’a pas souhaité fournir d’éclaircissements sur l’interpellation et la mise au secret de N’Do. Interrogés par l’organisation, les services du procureur général et du procureur ont fait savoir, de leur côté, qu’ils n’étaient pas à l’origine de l’arrestation du journaliste, laquelle est du ressort exclusif du ministère de la Sécurité.
Journaliste critique et membre de la direction d’un parti d’opposition, N’Do n’en est pas à sa première interpellation. Ses proches supposent que le directeur de « San Finna » a été arrêté dans la foulée des tracas judiciaires de Hermann Yaméogo, député et président de l’UNDD.
Celui-ci avait été arrêté, le 28 septembre, à sa descente d’avion en provenance d’Abidjan et interrogé pendant plusieurs heures par la Sûreté nationale, en compagnie de Noël Yaméogo, militant de l’UNDD. Le ministre burkinabé de la Sécurité, Djibril Bassolé, avait affirmé le matin même dans une interview que son pays était victime d’une « machination » dont les auteurs « bénéficient du concours d’illustres Burkinabés ». Parmi ceux-ci figurerait, selon le ministre, le député et avocat Hermann Yaméogo, lequel, avec d’autres, « sillonnent certaines capitales pour vendre des informations sur de prétendus camps d’entraînement de putschistes étrangers » basés au Burkina. Parmi les destinataires des informations prétendument diffusées par Hermann Yaméogo, le ministre de la Sécurité avait nommé RSF, qui a catégoriquement démenti cette allégation.