(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une lettre ouverte de RSF au secrétaire général de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) : L’ASEAN doit empêcher la Birmanie d’accéder à la présidence de l’organisation Son Excellence Ong Keng Yong Secrétaire général Association des nations du Sud-Est asiatique Jakarta République d’Indonésie Paris, le 22 juillet 2005 Monsieur le Secrétaire […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une lettre ouverte de RSF au secrétaire général de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) :
L’ASEAN doit empêcher la Birmanie d’accéder à la présidence de l’organisation
Son Excellence Ong Keng Yong
Secrétaire général
Association des nations du Sud-Est asiatique
Jakarta
République d’Indonésie
Paris, le 22 juillet 2005
Monsieur le Secrétaire général,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite porter à votre connaissance des informations récentes sur le dramatique état de la liberté d’expression au Myanmar (Birmanie).
A la veille du sommet des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN à Vientiane, notre organisation vous rappelle que la junte birmane détient toujours six journalistes dans des cellules insalubres, parmi lesquels le célèbre prisonnier d’opinion birman U Win Tin, qui vient récemment d’entamer sa 17e année d’incarcération. Lors de sa longue détention, le journaliste, aujourd’hui âgé de 75 ans, s’est vu privé de ses droits fondamentaux, dont le droit à un procès équitable et celui de bénéficier de conditions de détentions décentes. Et ce simplement parce qu’il a osé exprimer son opposition pacifique au gouvernement.
En outre, les autorités birmanes détournent de façon éhontée le système judiciaire pour saper le droit de la population à l’accès à l’information. Le gouvernement de Rangoon a ainsi arrêté, le 3 juillet dernier, cinq personnes parce qu’elles avaient écouté les programmes des radios Voice of America et BBC.
La dernière vague de libération de prisonniers politiques – plus de trois cents au total – ne doit pas faire oublier la réalité de la répression contre les opposants. Au moins douze militants démocrates ont été arrêtés au cours des quinze derniers jours. L’arrestation du caricaturiste Chit Swe, également vice-président de la branche de Thanlyin de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le 12 juillet, est une violation grave de la liberté d’expression.
Par ailleurs, le Myanmar (Birmanie) est l’un des rares pays au monde où subsiste encore la censure préalable.
Au vu de la situation, nous vous prions, Monsieur le Secrétaire général, d’user de votre influence auprès des autorités des pays membres, lors de la réunion qui se tiendra tout prochainement au Laos, pour empêcher l’accession de la birmanie à la présidence de l’ASEAN prévue en juillet 2006.
Comme vous ne pouvez l’ignorer, la déclaration fondatrice de l’ASEAN de 1967 affirme que les pays membres doivent respecter la « justice et l’Etat de droit ». Il est de votre devoir d’insister auprès des gouvernements des Etats membres pour qu’ils respectent leurs engagements.
Plus généralement, Reporters sans frontières tient à vous rappeler que, dans un texte adopté en janvier 2000, le rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression des Nations unies a clairement établi que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ».
La présidence du Myanmar (Birmanie) ne peut décemment être envisageable si vous souhaitez préserver la crédibilité et la légitimité de votre organisation au sein de la communauté internationale.
Nous estimons qu’il revient aux chefs de la diplomatie des pays d’Asie du Sud-Est d’affirmer fermement et ouvertement leur position sur la politique répressive et liberticide de la junte birmane. Le rejet de la présidence birmane ne doit pas uniquement résulter d’une forte pression internationale, mais d’une décision des membres de votre organisation.
Je vous prie de d’agréer, Monsieur le Secrétaire général, l’expression de ma haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général