(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à l’ambassadeur des États-Unis à Kiev, Carlos Pascual, RSF a insisté pour que l’équipe du FBI présente en Ukraine actuellement procède à une nouvelle autopsie du corps du journaliste assassiné Géorgiy Gongadze. « Après des mois de graves manquements des autorités judiciaires ukrainiennes à leurs devoirs dans le cadre de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à l’ambassadeur des États-Unis à Kiev, Carlos Pascual, RSF a insisté pour que l’équipe du FBI présente en Ukraine actuellement procède à une nouvelle autopsie du corps du journaliste assassiné Géorgiy Gongadze. « Après des mois de graves manquements des autorités judiciaires ukrainiennes à leurs devoirs dans le cadre de l’enquête, l’intervention du FBI peut permettre de réelles avancées », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons d’insister auprès des autorités ukrainiennes pour que l’équipe du FBI soit autorisée à procéder à une nouvelle autopsie. Ce nouvel examen peut révéler des informations importantes sur les conditions de la mort de Gongadze. Nous attirons également votre attention sur le fait que les tentatives d’intimidation du journaliste dans les semaines précédant sa disparition exigent une enquête approfondie. Si le président ukrainien entend ‘traduire en justice les responsables de la mort’ du journaliste, comme il le déclarait récemment, tous les moyens doivent désormais être mis en oeuvre pour rechercher la vérité », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, le Parquet général d’Ukraine refuse toute nouvelle autopsie du corps du journaliste assassiné, rejetant ainsi la demande de la mère de la victime. Il n’aurait consenti qu’à une nouvelle analyse ADN par l’équipe du FBI, présente à Kiev depuis plus de dix jours suite à l’accord du président Koutchma de recevoir une aide du service officiel d’investigation américain. Bien que toutes les démarches et expertises de l’équipe américaine soient soumises à l’accord des autorités ukrainiennes, la présence de cette équipe de spécialistes offre l’occasion de tenter de combler des lacunes de l’enquête officielle.
RSF rappelle que l’instruction semble avoir été menée jusqu’à présent par les autorités judiciaires ukrainiennes avec le souci premier de protéger l’exécutif des graves accusations dont il était l’objet, plutôt que de rechercher la vérité. Le parquet général d’Ukraine ne s’est résolu à ordonner une analyse ADN sur l’identité du corps décapité que plus d’un mois et demi après la découverte de celui ci, et sous la pression exercée par l’annonce d’une analyse indépendante réalisée en Allemagne. Il n’a autorisé l’épouse du journaliste assassiné à voir le corps de son mari, afin de tenter de l’identifier, que le 10 décembre, soit plus d’un mois après sa découverte, le 2 novembre. Ce corps a été gardé, du 2 au 15 novembre, dans une petite morgue de province dépourvue de tout moyen de conservation au froid, puis transporté en secret à Kiev, sur décision du parquet régional. Le parquet général d’Ukraine a refusé jusqu’à présent toute coopération avec la commission d’enquête créée par le parlement. Il continue de refuser à la mère et à l’épouse de Gongadze un accès complet au dossier, niant ainsi leurs droits de parties civiles. Aucune enquête sérieuse n’a par ailleurs encore été menée sur la surveillance et les intimidations dont Gongadze avait été l’objet de la part de services officiels, dans les semaines précédant sa disparition. Le journaliste avait lui même dénoncé dans une lettre au procureur général d’Ukraine, Mihailo Potebenko, sa surveillance par des fonctionnaires du ministère de l’intérieur, qui le suivaient et interrogeaient ses proches.