(RSF/IFEX) – Ruslan Sharipov, journaliste et défenseur des droits de l’homme, condamné le 13 août 2003 à cinq ans et demi de prison pour homosexualité et relations sexuelles avec des mineurs, a révélé qu’il avait plaidé coupable suite à des pressions physiques et psychologiques. Par ailleurs, le 28 août, Surat Ikramov, défenseur des droits de […]
(RSF/IFEX) – Ruslan Sharipov, journaliste et défenseur des droits de l’homme, condamné le 13 août 2003 à cinq ans et demi de prison pour homosexualité et relations sexuelles avec des mineurs, a révélé qu’il avait plaidé coupable suite à des pressions physiques et psychologiques. Par ailleurs, le 28 août, Surat Ikramov, défenseur des droits de l’homme chargé d’assurer la défense juridique du journaliste, a été violemment agressé par quatre inconnus.
RSF a demandé aux ambassades d’Allemagne, de France, des États-Unis, et de Suisse et à la représentation de l’Union européenne à Tachkent, de faire pression sur les autorités ouzbèkes en faveur de la libération du journaliste, et de s’assurer que les standards internationaux en matière de justice, ainsi que la sécurité de Sharipov, de sa famille et de son avocat, soient garantis.
Depuis plusieurs années, Sharipov fait l’objet de multiples pressions qui visent à lui faire abandonner ses activités de défense des droits l’homme et à l’empêcher de critiquer les autorités dans ses articles. Compte tenu de ces précédents et des révélations du journaliste sur les pressions qui l’ont obligé à se déclarer coupable, l’organisation est en droit de considérer que ce procès était inique et qu’il avait pour seul but de faire taire une des voix dissidentes les plus virulentes du pays. De plus, l’agression de Ikramov, alors qu’il venait de s’entretenir du cas de son client avec le juge en charge du dossier et la veille d’une manifestation en faveur du journaliste, porte à croire que tout est fait pour que la défense de Sharipov ne soit pas assurée.
Le 27 août, Sharipov, ancien président de l’organisation de défense de la liberté de la presse Union of Independent Journalists of Uzbekistan (UIJU) et correspondant de l’agence de presse russe Prima News, a déclaré avoir plaidé coupable parce qu’il avait subi des pressions psychologiques et des mauvais traitements pendant sa détention provisoire. Il a également demandé à son avocat, Ikramov, de le représenter à nouveau et de faire appel. Le 8 août, il était passé aux aveux, avait demandé pardon au président Karimov pour tout ce qu’il avait écrit, refusé la présence de sa mère, seule personne de la défense autorisée à assister au procès, et renoncé à celle de son avocat. Suite à ces aveux, la cour du district de Mirzo Ulug-Beg à Tachkent l’avait condamné, le 13 août, à cinq et demi de prison pour homosexualité et relations sexuelles avec des mineurs (articles 120, 127-3 et 128-2 du code pénal de la République d’Ouzbékistan).
Le journaliste, qui n’a jamais nié sa bisexualité, avait affirmé à la présidente de la société des droits de l’homme d’Ouzbékistan E’zguilik, Vasilya Inoyatova, qui avait pu lui rendre visite le 27 mai, ne pas connaître les victimes présumées. Celles-ci ont été interpellées le 26 mai et gardées en détention pendant trois ou quatre jours. Selon la défense de Sharipov, les adolescents auraient été battus et menacés par la police pour les convaincre de comparaître devant la cour. De fait, le procès a dû être ajourné à plusieurs reprises en raison de leur absence à la barre.
Par ailleurs, dans la matinée du 28 août, Ikramov, l’avocat du journaliste, a été entraîné hors de sa voiture par quatre individus masqués et en uniforme militaire, qui lui ont mis un sac sur la tête, lui ont lié les membres, l’ont emmené dans un parc de la capitale et l’ont frappé pendant une heure à coups de bâton. Choqué, l’avocat a été transporté dans une clinique dans l’après-midi, avec deux côtes cassées et de nombreuses ecchymoses. L’avocat, qui prépare un appel de la condamnation du journaliste, venait de se rendre au tribunal du district de Mirzo Ulug-Beg et de parler au juge en charge du procès, Ganisher Makhmudov, pour lui demander la permission de rendre visite au journaliste. Ce dernier lui aurait conseillé, « dans son propre intérêt », de se dessaisir du dossier. Ikramov a déclaré à des journalistes qu’il s’attendait à être agressé et qu’il avait reçu des menaces téléphoniques récemment. Une manifestation en faveur de Sharipov, qui aurait dû avoir lieu le 29 août, jour de la session de rentrée du Parlement, en présence de Ikramov, a été annulée. Ce dernier avait participé, le 22 août, à une conférence de presse ainsi qu’à une manifestation devant le ministère de l’Intérieur.