(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Leonid Koutchma, RSF a demandé à participer à la mission d’enquête internationale dont le président ukrainien a accepté le principe au sujet de la disparition du journaliste Géorgiy Gongadze. « Seule une telle mission est de nature à satisfaire l’urgent besoin de vérité exprimé par les Ukrainiens eux […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Leonid Koutchma, RSF a demandé à participer à la mission d’enquête internationale dont le président ukrainien a accepté le principe au sujet de la disparition du journaliste Géorgiy Gongadze. « Seule une telle mission est de nature à satisfaire l’urgent besoin de vérité exprimé par les Ukrainiens eux mêmes et les observateurs internationaux », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Les engagements des autorités ukrainiennes en faveur de la liberté de la presse ne pourront être considérés comme crédibles tant que l’affaire de la disparition de Géorgiy Gongadze n’aura pas été élucidée », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, le 20 décembre 2000, le Président Koutchma a accepté le principe d’une mission d’enquête internationale au sujet de la disparition du journaliste Gongadze. Fondateur et rédacteur en chef du site internet www.pravda.com.ua, journal en ligne très critique envers le pouvoir, Gongadze, 31 ans, a disparu, le 16 septembre. Dans les semaines précédant sa disparition, le journaliste avait été interrogé, à plusieurs reprises, par la police et venait de dénoncer dans une lettre au procureur de la République, ce qu’il estimait être « une action d’intimidation préméditée pour lui faire peur ou empêcher ses activités ». Il publiait sur son site des articles dénonçant la corruption de certains hauts responsables ukrainiens. Un corps décapité a été retrouvé au mois de novembre, dans la région de Taraschanskyi, près de Kiev. Plusieurs éléments concordants laissent penser que les restes retrouvés sont ceux de Gongadze, mais les résultats des expertises demandées ne sont toujours pas connus. Enfin, en novembre, un officier ukrainien des services secrets a indiqué que les plus hautes autorités du pays, dont le président Koutchma et le ministre de l’intérieur, pourraient être directement impliquées dans la disparition du journaliste. Le président Koutchma a dénoncé une « grave manipulation ».
RSF rappelle que, malgré les menaces de suspension émises par le Conseil de l’Europe en 1999 contre l’Ukraine, la situation de la liberté de la presse s’est très sensiblement dégradée au cours de l’année 2000. L’Ukraine a rejoint cette année la liste des pays où la situation est grave pour la liberté de la presse. Les agressions ou intimidations à l’encontre des journalistes se sont multipliées. Au moins une vingtaine ont été recensées par RSF depuis le 1er janvier.