(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 6 juin 2001 : 6 juin 2001 Election présidentielle : RSF demande au futur président de s’engager en faveur de la liberté de la presse et de mettre un terme aux emprisonnements de journalistes A deux jours de l’élection présidentielle, Reporters sans frontières (RSF) […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 6 juin 2001 :
6 juin 2001
Election présidentielle : RSF demande au futur président de s’engager en faveur de la liberté de la presse et de mettre un terme aux emprisonnements de journalistes
A deux jours de l’élection présidentielle, Reporters sans frontières (RSF) demande aux dix candidats, et notamment à Mohammed Khatami qui fait figure de favori, de s’engager en faveur de la liberté de la presse. « La presse est le meilleur baromètre de la démocratie. Depuis 1997, date de l’élection de l’actuel président, les médias ont connu une grande liberté de ton. Ils sont devenus un important lieu de débat sur le plan politique. Mais depuis un an, les conservateurs se sont attaqués à cette liberté en arrêtant des journalistes et en fermant des publications réformatrices. En cas de réélection de Mohammed Khatami, nous lui demandons se soutenir cette presse non plus seulement à travers des discours mais par des actes afin de stopper l’offensive menée par les durs du régime », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. Pour RSF, l’ayatollah Ali Khamenei est l’un des trente prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.
L’Iran est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les journalistes. Vingt-cinq professionnels des médias sont derrière les barreaux.
RSF demande au futur président, en tant que garant de l’application de la Constitution (comme le stipule l’article 133), qu’il s’engage à :
– mettre un terme aux arrestations, faites dans des conditions totalement arbitraires, qui se multiplient depuis un an à l’encontre des professionnels des médias ;
– dénoncer les conditions dans lesquelles se déroulent les procès des journalistes durant lesquels le jury est absent ;
– mettre un terme à la partialité des jugements rendus par des magistrats qui ont la double fonction de juge et de procureur ;
– proposer au Parlement une nouvelle loi sur la presse qui en garantisse la liberté sans discrimination de langue, de religion ou d’opinion politique. Le texte actuel, adopté le 17 avril par le parlement sortant (dominé par les conservateurs), stipule que « les personnes condamnées par les tribunaux révolutionnaires pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » ou encore ceux qui « répandent de la propagande hostile au régime islamique » ne sont, en aucune façon, autorisés à être employés dans une publication. » Cela signifie qu’un journaliste qui a déjà été condamné ne pourra plus jamais exercer sa profession. D’autres articles de la loi en vigueur interdisent « toute aide étrangère directe ou indirecte aux journaux » et la publication d’articles critiquant la Constitution.
Par ailleurs, RSF demande au futur président qu’il amende la Constitution en supprimant l’article 24 qui stipule que « les publications et les journaux sont libres d’exprimer toute opinion sauf celle qui trouble les fondements de l’islam et la pudeur publique ». Une telle formule, trop vague, peut, en effet, laisser place à toutes sortes d’interprétations et ainsi la moindre critique du régime peut être sanctionnée en vertu de ce texte.
Enfin, l’organisation demande au futur Président, en tant qu’élu au suffrage universel et donc fort d’une légitimité, qu’il dénonce fermement les actions menées par les conservateurs contre la presse réformatrice en réaffirmant son soutien à tous les journalistes emprisonnés et en demandant leur libération immédiate et inconditionnelle.