Reporters sans frontières rappelle le gouvernement du Sri Lanka à ses engagements internationaux alors que la presse est toujours empêchée de se rendre librement dans le nord du pays, notamment dans la zone où des dizaines de milliers de Tamouls sont encerclés par l'armée.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières rappelle le gouvernement du Sri Lanka à ses engagements internationaux alors que la presse est toujours empêchée de se rendre librement dans le nord du pays, notamment dans la zone où des dizaines de milliers de Tamouls sont encerclés par l’armée. La mort d’au moins deux journalistes dans la zone dite protégée accrédite les accusations de crimes de guerre commis contre des civils. Le gouvernement de Colombo viole ainsi la résolution 1738 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en décembre 2006 pour protéger les journalistes en zones de conflit.
« Face à une crise humanitaire majeure et à des crimes de guerre avérés, le gouvernement doit entendre les appels de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu et d’un meilleur accès à cette zone de guerre pour les humanitaires et la presse. Cette guerre sans témoins indépendants est une honte. Et les Tigres tamouls portent une lourde responsabilité dans ces crimes en empêchant des milliers de civils innocents de se déplacer et s’exprimer librement », a affirmé l’organisation.
« L’armée empêche la presse de travailler, en se bornant à organiser des visites guidées pour constater les victoires militaires, sans aucun respect pour le droit de l’opinion publique à être informée de manière indépendante », a ajouté l’organisation.
L’organisation dénonce également la propagande orchestrée par le gouvernement et les Tigres tamouls (LTTE) sur le sort des civils pris au piège.
Reporters sans frontières appelle à la mobilisation des médias sri lankais et internationaux en publiant la campagne « L’encre devrait couler partout où le sang coule », pour dénoncer les entraves au travail des médias dans les zones de conflit: http://www.rsf.org/espace_presse.php3?id_mot=873#30375
Les reporters ne peuvent pas se rendre librement dans le Vanni (nord de l’île) et plus particulièrement aux abords de la zone côtière, où près de cent mille civils et des centaines de combattants des LTTE sont encerclés par l’armée.
Plus de deux mille personnes seraient déjà mortes en raison des bombardements et des conditions d’hygiène déplorables.
Alors que l’armée affirme avoir lancé la « plus grande opération humanitaire au monde » pour libérer des dizaines de milliers de civils présents dans la « zone protégée », les informations qui parviennent du dernier bastion des Tigres tamouls font état d’une situation catastrophique. Les séparatistes tamouls tentent d’empêcher par la force les civils de fuir ce réduit, tandis que l’armée continue à bombarder cette zone.
Depuis plusieurs semaines, l’armée n’a pas organisé de visites pour la presse étrangère dans le Vanni.
Au moins deux journalistes ont été tués dans cette zone. Punniyamurthy Sathyamurthy, correspondant de plusieurs médias tamouls basés au Canada, qui a trouvé la mort le 12 février 2009 lors d’un bombardement. Un reporter du site Tamilnet, favorable aux LTTE, a également été tué par des tirs de l’armée, début mars. Par ailleurs, Sasi Mathan, responsable de la distribution du quotidien nationaliste tamoul « Eezhanaatham », a été tué en mars dans la zone de Aananthapuram.