(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa vive inquiétude suite à l’assassinat de Luiz Antônio Costa, photographe indépendant. Dans une lettre adressée à Luis Inácio Lula da Silva, président de la République, l’organisation souligne qu’il est le quatrième journaliste tué en moins de deux mois, après les assassinats de Nicanor Linhares Batista, Edgar Ribeiro Pereira de […]
(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa vive inquiétude suite à l’assassinat de Luiz Antônio Costa, photographe indépendant.
Dans une lettre adressée à Luis Inácio Lula da Silva, président de la République, l’organisation souligne qu’il est le quatrième journaliste tué en moins de deux mois, après les assassinats de Nicanor Linhares Batista, Edgar Ribeiro Pereira de Oliveira et Melyssa Martins Correia. Dans les quatre cas, subsiste l’hypothèse que ces journalistes aient été assassinés pour leurs activités journalistiques.
Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au Président brésilien « de multiplier les efforts pour que des enquêtes approfondies soient menées afin d’élucider ces meurtres et de punir leurs auteurs ». L’organisation l’a également prié de la tenir informée des avancées des enquêtes.
Enfin, RSF a appelé Lula da Silva à réformer le pouvoir judiciaire afin que les enquêtes sur les assassinats de journalistes soient dorénavant confiées à la police fédérale et non plus à la police civile locale. « Il s’agit de soustraire les enquêtes aux pressions locales alors que la Police civile dépend d’hommes politiques parfois eux-mêmes mis en cause dans les assassinats », a expliqué l’organisation.
Le 23 juillet 2003, Costa, photographe indépendant, a été tué par balles alors qu’il réalisait un reportage pour l’hebdomadaire « Época » sur l’occupation d’un terrain des usines Volkswagen par le mouvement des « sans-abri » à São Bernardo do Campo (Etat de São Paulo). Le journaliste est décédé des suites de ses blessures lors de son transfert à l’hôpital. L’auteur du tir a pris la fuite en direction des installations des sans-abri.
Le quotidien « A Folha de São Paulo » a rapporté le témoignage d’André Porto, photographe du journal « Agora São Paulo » présent sur place. Selon ce dernier, le tueur aurait tenté de voler l’appareil de Costa et aurait tiré quand celui-ci essayait de se défendre. Le témoin a pu photographier la scène. Selon l’hebdomadaire « Época », la police n’a pas encore défini si le meurtrier était un membre de la sécurité du mouvement des sans-abri ou un délinquant. Le mouvement des sans-abri a diffusé un communiqué déplorant la mort du journaliste et soulignant qu’il était « un groupe pacifique rejetant la violence ».
Deux suspects ont été arrêtés puis libérés, n’ayant pas été reconnus par les témoins.
Trois autres journalistes ont été tués depuis le 1er janvier :
Le 30 juin, Batista, propriétaire de Radio Vale do Jaguaribe à Limoeiro do Norte (Ceará, nord-est du pays), a été assassiné par deux inconnus, alors qu’il enregistrait son émission « Encontro político ». Les assassins ont pris la fuite immédiatement. Le journaliste était connu pour le ton polémique de sa célèbre émission au cours de laquelle il dénonçait régulièrement des responsables politiques et l’administration publique locale. Selon des proches, Batista avait reçu de nombreuses menaces de mort.
Interrogé par RSF, un représentant de la police a déclaré qu’il s’agissait très certainement d’un crime commandité, de nature politique. Des journalistes de la région soupçonnent cependant Batista d’avoir touché de l’argent d’hommes politiques pour diffuser ou taire des informations.
Trois semaines plus tôt, le 9 juin, Pereira de Oliveira, propriétaire de l’hebdomadaire « Boca do Povo » avait été assassiné à Campo Grande (Mato Grosso do Sul). Des inconnus avaient ouvert le feu sur le journaliste au moment où il raccompagnait à son domicile une employée du journal.
L’hebdomadaire publiait régulièrement des reportages polémiques sur des affaires de trafic de drogue, de corruption et de crimes commis par des tueurs à gages, et mettait souvent en cause les pratiques frauduleuses d’hommes politiques et de chefs d’entreprise. Là aussi, des collègues du journaliste mettent en cause ses pratiques journalistiques, l’accusant de chantage.
Enfin, le 3 juin, Martins Correia, directrice du supplément culturel du quotidien « Oeste Notícias » à Presidente Prudente (Etat de São Paulo), avait été tuée d’un tir à bout portant. On ignore s’il s’agit d’un acte de délinquance ou d’un assassinat visant le journal qui a fréquemment dénoncé les exactions commises par l’organisation criminelle de São Paulo, PCC (Primero Comando da Capital) (consulter des alertes de l’IFEX des 10 et 5 juin 2003).