(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Bakili Muluzi, RSF a protesté contre le durcissement de la répression envers la presse indépendante. RSF a demandé au Président de rappeler publiquement son attachement à la liberté de la presse et d’agir rapidement afin que les professionnels des médias puissent travailler en toute […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Bakili Muluzi, RSF a protesté contre le durcissement de la répression envers la presse indépendante. RSF a demandé au Président de rappeler publiquement son attachement à la liberté de la presse et d’agir rapidement afin que les professionnels des médias puissent travailler en toute liberté et en toute sécurité dans le pays. « Il est de votre devoir d’appeler au calme les militants et sympathisants du parti au pouvoir », a expliqué Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous vous demandons de prendre les mesures nécessaires afin que tous les journaux puissent être distribués librement au Malawi, quelle que soit leur ligne éditoriale », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Brian Ligomeka, correspondant de l’agence sud-africaine African Eye News Service, a été agressé, le 12 août 2001, par des membres de la jeunesse de l’United Democratic Front (UDF – parti au pouvoir). Le journaliste couvrait l’arrivée de chefs d’État étrangers pour un sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe à l’aéroport international de Blantyre quand plusieurs individus l’ont attrapé et l’ont conduit de force à l’extérieur des bâtiments. Les jeunes du parti l’ont accusé d’être un espion de l’opposition et ont menacé de le tuer. Ils l’ont ensuite roué de coups. Le journaliste souffre de contusions à la mâchoire et à la jambe. Il a déclaré qu’un policier était finalement venu à son secours et l’avait conduit au commissariat le plus proche. « Je le remercie beaucoup car d’autres policiers ont seulement regardé les officiels de l’UDF qui me battaient. Il m’a sauvé la vie », a raconté le reporter. La police a déclaré avoir ouvert une enquête, mais personne n’a encore été arrêté.
La veille, un journaliste du magazine « Pride », John Saini, avait été menacé à l’aéroport par des responsables de l’UDF. Les officiels ont menacé de s’en prendre à lui s’il ne mettait pas fin à la publication d’articles critiques envers le régime.
Par ailleurs, le 14 août, des inconnus ont agressé des vendeurs de journaux dans les rues de la capitale et ont saisi leurs exemplaires de l’hebdomadaire indépendant « The People’s Eye ». Les hommes se sont ensuite rendus dans les locaux du journal où ils ont également confisqué 300 copies de la dernière édition. Le directeur de l’hebdomadaire, Chinyeke Tembo, a fermé sa rédaction « le temps que la tension baisse ». « The People’s Eye » avait publié un article critiquant le silence du président Muluzi sur un éventuel troisième mandat. Le chef de l’État arrive au terme de sa deuxième mandature et plusieurs hauts responsables du parti au pouvoir lui ont demandé de se représenter une troisième fois. Or, selon la Constitution, une même personne ne peut pas être élue plus de deux fois à la magistrature suprême.