(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 19 juillet 2001 : RSF demande aux autorités belges et indonésiennes d’intensifier leurs efforts pour la libération de Philippe Simon et Johan van den Eynde Alors que Philippe Simon et Johan van den Eynde, réalisateurs de documentaires de nationalité belge, vont entamer leur sixième […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 19 juillet 2001 :
RSF demande aux autorités belges et indonésiennes d’intensifier leurs efforts pour la libération de Philippe Simon et Johan van den Eynde
Alors que Philippe Simon et Johan van den Eynde, réalisateurs de documentaires de nationalité belge, vont entamer leur sixième semaine de détention dans le centre de la province indonésienne d’Irian Jaya (Papouasie occidentale), Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités belges d’intensifier leurs efforts pour obtenir la libération des deux journalistes. Aux autorités indonésiennes, RSF demande de créer les conditions politiques pour une libération rapide de Philippe Simon et Johan van den Eynde. Retenus en otages depuis le 7 juin 2001 par des membres du Mouvement de la Papouasie libre (OPM), et notamment le chef Titus Murib, les deux réalisateurs sont en bonne santé et bien traités, selon deux religieux qui les ont récemment rencontrés.
Le 17 juillet, un des deux prêtres en charge des négociations a sollicité auprès des chefs du village d’Illaga (centre de la province) un nouveau rendez-vous avec les ravisseurs pour le 19 juillet. L’ecclésiastique espère pouvoir organiser rapidement un troisième rendez-vous qui pourrait déboucher sur la libération des deux otages belges. Le père hollandais van den Broek et le révérend Benny Giay, résidants en Irian Jaya, ont déjà rencontré, le 6 juillet dernier, les deux otages, leurs ravisseurs et des chefs coutumiers à proximité de la localité d’Illaga. Ils sont revenus avec trois photos des deux otages belges et de nouvelles lettres de revendications. Dans l’une d’entre elles, l’OPM demande aux autorités belges de défendre la cause des Papous sur la scène internationale. Une autre revendication des preneurs d’otages est la diffusion par la chaîne d’information américaine CNN d’un reportage sur le conflit entre les rebelles papous et l’armée indonésienne.
Auparavant, les rebelles papous avaient déjà demandé au président indonésien Abdurrahman Wahid que le conflit de la Papouasie occidentale soit résolu par une conférence internationale. Selon des informations récentes, les autorités de Jakarta refusent toute négociation avec les preneurs d’otages, mais se sont engagées auprès des autorités de Bruxelles à ne pas utiliser la force. Les familles des otages disposaient déjà d’une lettre en indonésien (langue maîtrisée par Johan van den Eynde) signée par les journalistes, dans laquelle ils expliquent qu’ils sont bien traités et qu’ils disposent d’une certaine liberté de mouvement. Selon les familles, des passages de la lettre auraient été dictés par les ravisseurs.
Reporters sans frontières s’étonne, par ailleurs, des propos, rapportés le 12 juillet par le quotidien Jakarta Post, du commandant des forces armées indonésiennes dans la province d’Irian Jaya qui a insinué que les deux journalistes se seraient livrés eux-mêmes aux hommes du Mouvement pour la Papouasie libre. Ce n’est pas la première fois que les autorités indonésiennes accusent les journalistes occidentaux de soutenir la cause des rebelles papous. Le 2 décembre 2000, Oswald Iten, journaliste suisse du quotidien germanique Neue Zürcher Zeitung et ethnologue, avait été arrêté par la police indonésienne à Jayapura. Il avait été détenu pendant onze jours avec une trentaine de militants séparatistes papous dont l’un avait été torturé à mort par des policiers indonésiens. De même, en octobre 2000, Ashley Gilbertson et Timothy Gruzca, respectivement photographe et cameraman indépendants, avaient été interpellés et expulsés par la police indonésienne alors qu’ils couvraient des manifestations à Jayapura.
Philippe Simon, âgé de 49 ans, et Johan van den Eynde, âgé de 47 ans, sont arrivés en Papouasie occidentale à la fin du mois d’avril 2001, après un passage à Bali, avec un visa de tourisme. Selon la responsable de la société de production Underworld, ils cherchaient à réaliser un documentaire sur certaines tribus papoues du centre de l’île sous domination indonésienne. Les ravisseurs leur ont confisqué leurs passeports et leur matériel vidéo. Les deux réalisateurs belges ont travaillé pour la chaîne de télévision franco-allemande Arte et s’étaient déjà rendus en Irian Jaya en 1995. Philippe Simon dispose d’une carte de presse et a réalisé plusieurs documentaires notamment « Sans réserve » (sur les Indiens d’Amérique du Nord) et « Aqui es el mundo » (sur les peuples indigènes d’Amérique du Sud).
Les autorités belges ont confirmé l’enlèvement, le 14 juin 2001, et un diplomate basé à Jakarta s’est rendu à Jayapura (capitale de la province).
L’Indonésie contrôle la partie occidentale de l’île de Papouasie depuis les années 1960. Des mouvements armés, notamment le Mouvement de la Papouasie libre (OPM), combattent les forces de sécurité indonésiennes depuis plusieurs années. En 2000, des leaders séparatistes ont proclamé l’indépendance de la région. La majorité d’entre eux ont été arrêtés et la répression a fait des dizaines de morts.
Depuis maintenant dix ans, des groupes papous prennent régulièrement en otages des étrangers. En 1996, le chef Kelly Kwalik avait déjà participé à l’enlèvement de scientifiques occidentaux. En mai 2001, des employés d’une entreprise sud-coréenne d’exploitation forestière avaient également été pris en otages pendant quelques jours.