(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 24 novembre 2005 : SOMMET DU COMMONWEALTH 2005 Quinze journalistes tués dans le Commonwealth en deux ans Reporters sans frontières demande aux Etats membres de tout mettre en oeuvre pour faire cesser l’impunité Alors que se tiendra à Malte, du 25 au 27 novembre, […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 24 novembre 2005 :
SOMMET DU COMMONWEALTH 2005
Quinze journalistes tués dans le Commonwealth en deux ans
Reporters sans frontières demande aux Etats membres de tout mettre en oeuvre pour faire cesser l’impunité
Alors que se tiendra à Malte, du 25 au 27 novembre, le Sommet 2005 des chefs de gouvernement du Commonwealth, Reporters sans frontières rappelle que des journalistes continuent d’être assassinés en raison de leur travail dans plusieurs Etats participant à cette rencontre.
Depuis le dernier sommet, en 2003 au Nigeria, 15 professionnels des médias ont été tués dans six pays membres du Commonwealth (Bangladesh, Gambie, Inde, Pakistan, Sierra Leone et Sri Lanka). La quasi-totalité de ces crimes est restée impunie.
« Il est de la responsabilité des Etats démocratiques qui participent au Sommet de Malte, et notamment du Royaume-Uni, d’intervenir auprès des dirigeants des pays dans lesquels des journalistes sont assassinés afin que ces violences cessent et ne restent pas impunies, a déclaré Reporters sans frontières. Si le Commonwealth veut, un jour, devenir un véritable espace démocratique et de liberté, il est urgent que des mesures radicales soient prises afin de sanctionner les Etats membres qui ne mettent pas tout en oeuvre pour garantir la liberté de la presse et la sécurité des journalistes ».
« Nous estimons que les présidents Yahya Jammeh de Gambie et Mahinda Rajapakse du Sri Lanka, ainsi que le ministre de l’Intérieur du Bangladesh, Lutfozzaman Babor, devraient faire l’objet de rappels à l’ordre lors de ce sommet pour leur incapacité ou leur manque de volonté à mettre fin à l’impunité qui sévit dans leur pays en matière de crimes contre des journalistes », a ajouté Reporters sans frontières.
Le Bangladesh est l’Etat le plus violent à l’égard de la presse. Les agressions de journalistes se comptent par centaines chaque année. Depuis la tenue du dernier sommet au Nigeria, en décembre 2003, six journalistes ont été tués dans le pays. Leurs assassins sont toujours en liberté. Dernière affaire en date, Gautam Das, correspondant du quotidien Dainik Shamokal, a été atrocement exécuté à Faridpur, à l’ouest de la capitale, le 17 novembre 2005. Le corps du journaliste, âgé de 28 ans, a été retrouvé dans son bureau, les bras et les jambes brisés avec des traces de coup à la nuque. Le jeune homme enquêtait sur les activités criminelles et les abus de pouvoir de certaines personnalités locales.
En Gambie, l’affaire Deyda Hydara, du nom du directeur du trihebdomadaire The Point, marque la vie politique locale depuis bientôt un an. Ce journaliste, également correspondant de Reporters sans frontières et de l’Agence France-Presse (AFP) dans le pays, a été assassiné par des inconnus au volant de sa voiture dans la soirée du 16 décembre 2004. Deyda Hydara était l’un des détracteurs les plus véhéments de deux nouvelles lois sur la presse, votées la veille de sa mort par le parlement gambien. A l’issue de deux missions effectuées en décembre 2004 et en avril 2005 à Banjul, Reporters sans frontières est en mesure d’affirmer que l’assassinat de Deyda Hydara, perpétré par des professionnels, s’inscrit dans une série d’attaques contre les journalistes et les personnages qui « dérangent ». Même mode opératoire, même contexte, utilisation récurrente de voitures sans plaque d’immatriculation, menaces de mort préalables : l’assassinat de Deyda Hydara n’a pas échappé au schéma des nombreuses atteintes à la liberté de la presse enregistrées depuis plusieurs années en Gambie, et pour lesquelles la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements) est le principal suspect ou l’artisan désigné. En outre, l’organisation a découvert, en recoupant plusieurs témoignages, que Deyda Hydara était menacé et surveillé par les services de sécurité, quelques minutes encore avant d’être assassiné à quelques centaines de mètres d’une caserne de la police.
Au Sri Lanka, le 28 avril 2005, quatre hommes ont kidnappé Dharmeratnam Sivaram, 46 ans, directeur du site d’informations TamilNet et éditorialiste du quotidien Daily Mirror, alors qu’il sortait d’un bar de Colombo avec des amis, à quelques mètres du commissariat de Bambalapitya. Le lendemain, son corps était retrouvé dans le quartier de Himbulala, près du Parlement. D. Sivaram a été tué d’une balle dans la tête et portait également des traces de coups. En juin, les autorités ont arrêté un suspect. Depuis, cette affaire semble piétiner. Reporters sans frontières a demandé, à plusieurs reprises, aux autorités sri lankaises de tout mettre en oeuvre pour faire cesser l’impunité qui demeure concernant des assassinats de journalistes. Deux autres reporters ont été tués en raison de leur métier en 2004.
Au Pakistan, les journalistes sont victimes des violences qui sévissent dans le pays, et notamment dans la zone tribale du Sud-Waziristan. En février 2005, Amir Nawab Khan, cameraman de l’agence de presse audiovisuelle APTN et reporter du quotidien pakistanais The Frontier Post, et Allah Noor Wazir, reporter de la chaîne pakistanaise Khyber TV, du quotidien pakistanais The Nation et de l’agence allemande DPA, ont été tués dans une embuscade près de Wana. Dix jours après les faits, un groupe inconnu a revendiqué l’assassinat des deux hommes. Reporters sans frontières continue de demander à la justice pakistanaise de mener une enquête approfondie dans cette affaire.
En Sierra Leone, la mort, en juillet 2005, de Harry Yansaneh, rédacteur en chef par interim du quotidien For di People, a bouleversé le monde de la presse. Une autopsie a, en effet, révélé que le journaliste était décédé des suites des coups reçus, deux mois auparavant, par les hommes de main de la députée du parti au pouvoir, Fatmata Hassan Komeh.
Enfin, en Inde, Veeraboina Yadagini a été tué en février 2004, de plusieurs coups de couteau. Le mobile de ce crime est à chercher du côté des enquêtes menées par le journaliste sur des activités illégales dans le sud du pays, impliquant vraisemblablement des politiciens locaux.