(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Donald H. Rumsfeld, secrétaire d’État américain à la Défense, RSF a protesté contre les bombardements de l’armée américaine visant les installations de la radio et de la télévision afghanes, et des bâtiments utilisés par des rédactions et des éditeurs. « Le gouvernement américain répète les mêmes erreurs que l’OTAN […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Donald H. Rumsfeld, secrétaire d’État américain à la Défense, RSF a protesté contre les bombardements de l’armée américaine visant les installations de la radio et de la télévision afghanes, et des bâtiments utilisés par des rédactions et des éditeurs. « Le gouvernement américain répète les mêmes erreurs que l’OTAN pendant la guerre du Kosovo », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Réduire au silence les médias de propagande du régime taliban n’est aucunement une solution satisfaisante pour répondre au besoin urgent d’informations pluralistes en Afghanistan », a ajouté Ménard. L’organisation a demandé au ministre de donner l’ordre de ne plus bombarder les installations des médias afghans.
Selon les informations recueillies par RSF, l’armée des États-Unis a bombardé, dans les premiers jours de l’opération « Liberté immuable » engagée contre le régime taliban, les installations de la radio et de la télévision, et des bâtiments abritant des publications dans les villes de Kaboul, Kandahar (sud du pays), Jalalabad (est du pays) et Puli’Khomri (au nord de Kaboul). Ainsi, dès le 7 octobre 2001, les installations de la station officielle Radio Shariat à Kaboul ont été touchées et les programmes interrompus. En revanche, les installations de la radio officielle n’ont pas été touchées à Mazar-i Charif (nord du pays) où les bombardements sont pourtant très violents. RSF n’est pas en mesure de confirmer si des journalistes ou des techniciens ont été tués ou blessés lors de ces raids. Les installations de télévision, interdite de diffusion depuis 1996 par les taliban, ont également été visées.
Le 24 octobre, la station, dont les programmes comprennent essentiellement des communiqués des autorités taliban et des prêches religieux, a recommencé à émettre mais pas plus de deux heures par jour. Les taliban utilisaient un émetteur mobile. Mais dans la nuit du 25 octobre, les frappes ont détruit cette installation. Selon les taliban, deux civils auraient été tués à proximité de l’émetteur alors qu’ils venaient constater les dégâts. Malgré ces nouvelles frappes, la radio a repris ses émissions quotidiennes, pas plus d’une heure par jour cependant. Depuis lors, les États-Unis utilisent les mêmes fréquences que Radio Shariat pour diffuser de la musique, interdite par les taliban, et des messages en faveur de l’intervention militaire ainsi que des informations pour les civils afghans.
Selon des sources à Peshawar, des bâtiments abritant des publications favorables aux taliban ont été touchés. Néanmoins certaines seraient encore éditées et distribuées dans le pays.
Un représentant des taliban au Pakistan a déclaré à RSF : « Comment le monde civilisé peut-il justifier des attaques sur des bâtiments abritant des médias en Afghanistan ? »
Dans un rapport, « Les taliban et la presse », publié en septembre 2000, RSF dénonçait l’absence de pluralisme de l’information dans les médias afghans contrôlés par le régime taliban (consulter l’alerte de l’IFEX du 27 septembre 2000).