(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 31 juillet 2001 : « Pas de levée des sanctions avant la libération des dix-huit journalistes emprisonnés et la suppression de la censure » Deux semaines après la libération de la journaliste San San Nweh et de dix autres opposants à la junte militaire, Reporters sans […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 31 juillet 2001 :
« Pas de levée des sanctions avant la libération des dix-huit journalistes emprisonnés et la suppression de la censure »
Deux semaines après la libération de la journaliste San San Nweh et de dix autres opposants à la junte militaire, Reporters sans frontières (RSF) demande à l’Union européenne (UE) et aux Etats-Unis de ne pas lever les sanctions imposées au régime militaire birman avant la libération des dix-huit professionnels des médias toujours emprisonnés en Birmanie et la suppression de la censure.
« Cette première vague de libérations a montré que les sanctions internationales ont réussi à infléchir la politique de répression menée par la junte militaire. Il ne faut pas abandonner maintenant ces pressions alors que des centaines de prisonniers croupissent encore en prison », a rappelé Robert Ménard, le secrétaire général de RSF.
Certes la libération d’une cinquantaine d’opposants, notamment les journalistes San San Nweh et Soe Thein, est un geste positif des généraux au pouvoir à Rangoon, mais elle ne constitue pas une avancée suffisante vers un retour du respect des droits de l’homme et notamment de la liberté d’expression dans le pays.
Alors que l’UE doit revoir sa politique de sanctions le 28 octobre prochain, RSF demande à la présidence belge de l’UE et aux quatorze autres Etats membres de prendre en compte dans leur décision, la situation des journalistes emprisonnés et l’état de la liberté de la presse.
Reporters sans frontières souhaite que le rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, Paulo Sergio Pinheiro, et l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Razali Ismail, interviennent en faveur des journalistes emprisonnés lors de leurs prochaines rencontres avec les autorités birmanes. L’organisation, qui dispose du statut consultatif auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations unies, souhaite également que l’accent soit mis sur la situation dramatique de la liberté de la presse dans leurs prochains rapports.
Une mission d’enquête de RSF en Thaïlande, où sont réfugiés de nombreux anciens prisonniers politiques birmans, a pu recueillir de nouvelles informations sur les dix-huit professionnels des médias birmans toujours emprisonnés dans le pays et sur l’état de la censure imposée par le régime de Rangoon. Condamnés à de lourdes peines – cinquante-neuf ans pour Yan Aung Soe – pour avoir « diffusé des informations hostiles à l’Etat », pour posséder une caméra vidéo ou pour avoir informé des journalistes étrangers, les dix-huit journalistes Birmans sont détenus dans des conditions qui mettent en danger leur vie. La pratique de la torture, l’insalubrité des cellules et les périodes d’isolement prolongées ont des conséquences dramatiques sur la santé physique et mentale de certains prisonniers. Ainsi, Myo Myint Nyein, emprisonné depuis septembre 1990, est très affaibli et souffre de troubles mentaux. Le journaliste a été détenu pendant huit mois dans l’une des cages du chenil de la prison d’Insein.
Selon les témoignages d’anciens prisonniers, les conditions de détention des prisonniers ne se sont pas sensiblement améliorées depuis le retour, en 1998, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Birmanie. Dans son rapport, Reporters sans frontières recommande notamment à la junte militaire de permettre au CICR de travailler librement dans toutes les prisons et centres de détention.
Enfin, la censure implacable imposée par le régime prive la population d’informations indépendantes. Tin Maung Than, éditeur d’une revue privée aujourd’hui en exil, a expliqué à RSF comment le Bureau de la censure veillait à éliminer certains mots dans les médias, tels que « démocratie » et « corruption ». Il est également interdit de publier un article sur une femme chef de gouvernement. En clair, toute référence favorable au leader de l’opposition, Aung San Suu Kyi, est bannie de la presse. Seules les radios internationales en birman permettent, malgré les risques encourus par les auditeurs, de briser l’étau de la censure.
Le rapport intitulé « Dix-huit professionnels des médias toujours derrière les barreaux » a été transmis à l’ambassade de Birmanie en France, au gouvernement belge (présidence de l’UE), au Département d’Etat américain, au rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, à l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Birmanie, au secrétaire général de l’ASEAN et au Commissaire européen aux relations extérieures.
L’intégralité du rapport « Dix-huit journalistes toujours emprisonnés en Birmanie » est disponible sur www.rsf.org – www.press-freedom.