(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération immédiate de trois journalistes arrêtés le 24 octobre 2006, près de Baidoa (Sud), par les milices du gouvernement fédéral de transition, après qu’ils avaient tourné des images de soldats éthiopiens présents sur le territoire somalien. « Les journalistes sont des témoins gênants dans la sanglante partie de poker […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération immédiate de trois journalistes arrêtés le 24 octobre 2006, près de Baidoa (Sud), par les milices du gouvernement fédéral de transition, après qu’ils avaient tourné des images de soldats éthiopiens présents sur le territoire somalien.
« Les journalistes sont des témoins gênants dans la sanglante partie de poker menteur que se livrent les belligérants en Somalie. Face à une situation très inquiétante pour nos confrères, nous appelons le gouvernement à respecter la charte fédérale de transition qu’il a signée, garantissant la liberté d’information. La population a le droit de connaître la réalité du conflit qu’elle subit. Le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed doit donc ordonner la libération de ces journalistes, qui n’ont fait qu’exercer leur métier dans un contexte extrêmement dangereux, où la manipulation de l’information est une arme de guerre », a déclaré Reporters sans frontières.
Fahad Mohammed Abukar, journaliste de la station privée Warsan Radio basée à Baidoa, Mohammed Adawe Adam, de la station privée Radio Shabelle, et Muktar Mohammed Atosh, de la station privée HornAfrik, toutes deux basées à Mogadiscio, ont été arrêtés le matin du 24 octobre par les milices gouvernementales dans le village de Daynunay, à 15 km de Baidoa. Ils arrivaient de Burhakaba, une localité située à une soixantaine de kilomètres où des combats entre les troupes gouvernementales et des milices fidèles aux tribunaux islamiques de Mogadiscio avaient eu lieu. Trois personnes voyageant avec eux ont également été arrêtées.
Ils ont été conduits au siège de la brigade criminelle à Baidoa pour être interrogés. Selon l’organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), ils seraient actuellement détenus à la prison de la ville.
Les trois journalistes ont été capturés en possession d’une caméra vidéo numérique contenant des images du cadavre d’un soldat éthiopien d’origine somalienne tué à Burhakaba, ainsi que des images de troupes éthiopiennes présentes sur le territoire somalien, a affirmé à Reporters sans frontières une source politique locale ayant souhaité garder l’anonymat.
Le gouvernement de transition, reconnu par la communauté internationale, et les tribunaux islamiques, qui ont déclaré un « djihad » contre l’Ethiopie, sont engagés depuis plusieurs mois dans un bras de fer pour le contrôle de l’ensemble du sud de la Somalie. Les tribunaux islamiques contrôlant Mogadiscio et près de deux tiers des provinces affirment que des troupes éthiopiennes combattent aux côtés des milices gouvernementales. De son côté, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a reconnu avoir envoyé en Somalie une « centaine de formateurs, tout au plus ».