Alors que le gouvernement éthiopien s'apprête à libérer plusieurs centaines de responsables politiques, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à élargir la liste des personnes concernées par cette mesure à trois journalistes emprisonnés: Eskinder Nega, Woubshet Taye et Zelalem Workagegnehu.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 17 janvier 2018.
Alors que le gouvernement éthiopien s’apprête à libérer plusieurs centaines de responsables politiques, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à élargir la liste des personnes concernées par cette mesure à trois journalistes emprisonnés.
Deux semaines après la promesse du Premier ministre éthiopien de libérer un certain nombre d’hommes politiques et d’autres personnes emprisonnées pour « créer une atmosphère de réconciliation nationale », le gouvernement a annoncé qu’il libérerait ce mercredi 17 janvier « 500 suspects dans l’attente d’un procès ». Reporters sans frontières demande aux autorités d’élargir leur mesure à deux journalistes et un journaliste-citoyen condamnés pour avoir simplement exercé leur droit d’informer.
Le chroniqueur du site d’information en ligne de la diaspora EthioMedia, Eskinder Nega, a été condamné en juillet 2012, à dix-huit ans de prison pour « complot d’actes terroristes ». Peu de temps avant son arrestation il avait publié un article dénonçant l’instrumentalisation de la loi anti-terroriste de 2009 pour mettre en prison des journalistes.
Six mois auparavant, le rédacteur en chef adjoint Woubshet Taye de l’hebdomadaire Awramba Times, a été condamné à 14 ans de prison pour « organisation d’actes terroristes contre des infrastructures, des télécommunications et des lignes électriques ». Sa dernière publication critiquait les méthodes du parti au pouvoir. Sa demande de pardon a été rejetée par le ministère de la Justice.
Accusé d’avoir soutenu des terroristes, le blogueur Zelalem Workagegnehu d’un autre site en ligne de la diaspora éthiopienne DeBirhan a pour sa part été condamné en 2016 à cinq ans et quatre mois de prison.
« Ces trois journalistes ont en commun d’être tombés sous le couperet de la loi anti-terroriste de 2009, rappelle Reporters sans frontières. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, les accusations de terrorisme sont systématiquement utilisées comme chefs d’accusation contre les journalistes pour les condamner à lourdes peines de prison. Les autorités doivent cesser de recourir à cette loi pour limiter la liberté de la presse et commencer, au contraire, à engager son processus de réconciliation nationale en libérant ces trois journalistes ».
Le 3 janvier dernier, le Premier ministre a également annoncé la fermeture prochaine du Centre fédéral de Détention Maekelawi. Cette décision a été largement saluée, d’autant que la prison est connue pour être un centre de torture depuis l’époque de la dictature. Le blogueur Zelalem Workagegnehu décrit y avoir été torturé et subi des violences et humiliations. Eskinder Nega explique, quant à lui, avoir également été victime d’harcèlement.
L’Ethiopie occupe la 150ème place sur 180 dans le Classement mondial 2017 de RSF.