L'organisation réclame également la fin de la censure qui touche les médias désireux d'aborder le sujet et de remettre en cause la version officielle des événements.
(RSF/IFEX) – Le 3 juin 2010 – À la veille du 21e anniversaire du massacre de la place Tiannanmen, Reporters sans frontières demande la libération immédiate des journalistes et net-citoyens emprisonnés pour avoir évoqué cette page sombre de l’histoire chinoise. L’organisation réclame également la fin de la censure qui touche les médias désireux d’aborder le sujet et de remettre en cause la version officielle des événements.
Le journaliste Shi Tao, du quotidien « Dangdai Shang Bao » (Les Nouvelles du commerce contemporain), a été reconnu coupable, le 30 avril 2005, de « divulgation illégale de secrets d’État à l’étranger » et condamné à dix ans de prison. Le verdict indiquait que la filiale hongkongaise de Yahoo! avait transmis à la police des informations compromettant le journaliste. Selon les autorités, le journaliste avait envoyé à l’étranger une note des autorités mettant en garde les journalistes contre les risques d’une déstabilisation sociale liée au retour de certains dissidents à l’occasion du quinzième anniversaire du massacre de la place Tiananmen. Lors du procès, la Sécurité d’État a confirmé qu’il s’agissait d’un document « Jue Mi » (top secret). Shi Tao a reconnu avoir envoyé ce document par e-mail mais a contesté son caractère secret puisqu’il avait été transmis à plusieurs rédactions. Il est détenu dans des conditions difficiles.
Le journaliste Sun Fuquan, originaire de Shenyang (province de Liaoning), purge une peine de 21 mois de travaux forcés pour avoir « incité à la subversion du pouvoir de l’Etat » et « divisé le pays ». Il avait posté sur Internet des informations sur les événements de 1989.
Le cyberdissident Zhang Huaiyang, également originaire de Shenyang, est lui aussi emprisonné, condamné en 2009 à 18 mois de travaux forcés pour avoir demandé sur Internet si des militants avaient prévu de se rassembler sur la place Tiananmen pour commémorer l’anniversaire de la répression. La justice l’a reconnu coupable d' »incitation à la création de troubles » et de « mise en danger de la sécurité nationale ».
Dans un rapport publié en juin 2009, vingt ans après la sanglante répression du mouvement démocratique, Reporters sans frontières explique en détails comment les autorités imposent le silence sur le massacre de la place Tiananmen. La stratégie du pouvoir n’a pas changé en juin 2010 : il est toujours impossible pour la presse et les internautes chinois d’évoquer librement ces événements. Ainsi, entre 400 et 500 mots clés liés au 4 juin 1989 sont censurés sur Internet.
Une caricature faisant apparemment référence au 4 juin 1989 a été publiée le 1er juin 2010 dans le journal « Nanfang Dushi Bao » (Southern Metropolitan Daily) mais a été depuis retirée du site Internet du journal. Des commentaires en ligne traitant de cette caricature ont également été effacés. Elle représente un enfant qui dessine sur un tableau des tanks, en face desquels se dresse un homme qui ressemble à un soldat. La censure de ce dessin montre qu’aucune référence, même implicite, au 4 juin 1989, n’est tolérée par les autorités.