(RSF/IFEX) – Sept ans après la disparition de Jean-Pascal Couraud, journaliste d’investigation, les déclarations d’un homme lié au Groupe d’intervention de la Polynésie (service d’ordre de la présidence) pourraient être susceptibles de relancer l’enquête. RSF a demandé au procureur de la République, Jean Bianconi, de saisir le juge d’instruction, Jean-Bernard Taliercio, en charge de l’enquête […]
(RSF/IFEX) – Sept ans après la disparition de Jean-Pascal Couraud, journaliste d’investigation, les déclarations d’un homme lié au Groupe d’intervention de la Polynésie (service d’ordre de la présidence) pourraient être susceptibles de relancer l’enquête.
RSF a demandé au procureur de la République, Jean Bianconi, de saisir le juge d’instruction, Jean-Bernard Taliercio, en charge de l’enquête sur la disparition du journaliste.
« Malgré l’extrême tension du climat politique actuel et les risques de récupération, il est nécessaire que la justice examine toutes les pistes possibles, afin de clarifier une situation qui nourrit les rumeurs. A ce stade, l’enquête peut être rouverte pour « survenance de faits nouveaux » », a déclaré RSF.
Le 6 octobre 2004, Vetea Guilloux, ancien membre du Groupe d’intervention de Polynésie (GIP), considéré comme un service d’ordre de la présidence polynésienne, a fait des révélations fracassantes au ministre du Logement et pasteur adventiste, Gilles Tefaatau, partisan d’Oscar Temaru. Il a déclaré avoir assisté à l’assassinat de Couraud, perpétré par des membres du GIP aux ordres de Gaston Flosse.
Cependant, le 14 octobre, Guilloux a exposé une version différente à la gendarmerie. Dans une confession écrite, il a déclaré avoir simplement entendu, un soir de beuverie, deux membres du GIP se vanter du meurtre. Après une confrontation avec les deux hommes, il a retiré toutes ses accusations. Il a aussitôt été déféré au tribunal correctionnel pour dénonciation calomnieuse. Il a été condamné en comparution immédiate à douze mois de prison avec sursis dont trois mois ferme. Il a fait appel le 25 octobre.
Taliercio, juge d’instruction en charge de l’enquête sur la disparition de Couraud, n’a pas été tenu informé de ces déclarations. Il n’en a appris l’existence qu’après la condamnation de Guilloux.
L’enquête sur la disparition de Couraud, qui a été fermée suite à un non-lieu en juin 2002, peut être rouverte à tout moment pour « survenance de faits nouveaux ».
Couraud, journaliste d’investigation, était également un opposant politique à Flosse. Il avait disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997, après une réunion avec son ami Boris Léontieff, également opposant politique, décédé dans un accident d’avion en 2002. Dans la période précédant sa disparition, les proches de Couraud l’avaient vu très déprimé. Son corps n’a pas été retrouvé. Disposant de quelques éléments pouvant conforter la thèse d’un suicide, la famille n’avait jusqu’à présent jamais envisagé d’autres explications à cette disparition.