(RSF/IFEX) – « Alors que les bavures contre les civils se multiplient, les forces américaines en Afghanistan ont détenu arbitrairement un journaliste pakistanais. Ce n’est pas le premier dérapage des soldats américains contre des reporters. Il devient urgent que les militaires soient rappelés au devoir de respecter la liberté des journalistes, même sur un théâtre d’opérations », […]
(RSF/IFEX) – « Alors que les bavures contre les civils se multiplient, les forces américaines en Afghanistan ont détenu arbitrairement un journaliste pakistanais. Ce n’est pas le premier dérapage des soldats américains contre des reporters. Il devient urgent que les militaires soient rappelés au devoir de respecter la liberté des journalistes, même sur un théâtre d’opérations », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain à la défense, Donald H. Rumsfeld. L’organisation a fait part de son indignation quant au traitement dégradant réservé par les forces militaires américaines à ce correspondant du quotidien « The Nation ». Elle a demandé au secrétaire d’État d’ouvrir une enquête sur cette détention et d’être tenue au courant de ses conclusions. « Si le journaliste a été victime d’une détention arbitraire et de mauvais traitements, le gouvernement américain doit l’indemniser pour le préjudice subi », a conclu Ménard.
Selon les informations réunies par RSF, Hayatullah Khan, correspondant du quotidien pakistanais « The Nation » à Mir Ali (zone tribale du Waziristan Nord), a été détenu pendant quatre jours par les forces américaines, avec ses deux guides et son chauffeur, dans la province afghane de Paktika (est du pays). Khan a raconté à RSF qu’il était parti, le 2 juillet 2002, en reportage dans la zone frontalière entre le Pakistan et l’Afghanistan, afin d’enquêter sur les activités d’Al-Qaida et des taliban dans cette région. Le 3 juillet, le journaliste et son équipe se sont approchés d’un camp d’entraînement américain pour interviewer des officiers américains. Alors qu’il présentait ses documents d’identité et sa carte de presse, Khan a été arrêté, menotté et placé en détention dans une cellule insalubre de deux mètres carrés. Le journaliste, privé d’eau, mains liées et yeux bandés, a été interrogé par des officiers américains et anglais qui lui reprochaient de fournir des informations à des organisations terroristes, notamment Al-Qaida. Les militaires étayaient leurs accusations en utilisant le carnet d’adresses saisi sur le journaliste, qui contenait notamment des numéros de téléphone de leaders religieux afghans et pakistanais. Le journaliste expliquait quant à lui qu’il s’agissait de contacts nécessaires pour exercer son métier dans la région. « J’ai toujours nié leurs accusations et affirmé que j’étais un journaliste en reportage », a souligné Khan dans un entretien avec RSF. Durant l’un de ces interrogatoires, des militaires ont affirmé au journaliste qu’il devait être « prêt à mourir ».
Suite à l’intervention de certains de ses collègues et du correspondant de RSF au Pakistan, Iqbal Khattak, auprès des diplomates américains à Peshawar, l’identité et la profession du journaliste ont été confirmées aux forces américaines en Afghanistan. Khan a finalement été libéré le 7 juillet. Mais une fois à la frontière, le correspondant de « The Nation » a été interpellé pendant plusieurs heures par des membres des forces paramilitaires pakistanaises qui lui ont reproché d’avoir fourni aux Américains des informations sur le déploiement de l’armée pakistanaise.
Suite à ces cinq jours de détention dans des conditions difficiles, Khan souffre de problèmes aux reins.