(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Joaquim Chissano, président de la République mozambicaine, Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a exprimé sa très vive préoccupation suite à l’assassinat, le 22 novembre 2000, de Carlos Cardoso, journaliste et fondateur du quotidien d’investigation « Metical ». Ménard a également demandé que « tout soit mis en oeuvre afin qu’une […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Joaquim Chissano, président de la République mozambicaine, Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a exprimé sa très vive préoccupation suite à l’assassinat, le 22 novembre 2000, de Carlos Cardoso, journaliste et fondateur du quotidien d’investigation « Metical ». Ménard a également demandé que « tout soit mis en oeuvre afin qu’une enquête exhaustive et impartiale soit menée sur cet assassinat, que les résultats en soient rendus publics et que les coupables soient arrêtés et sanctionnés ». Le secrétaire général de l’organisation a ajouté qu' »il était essentiel que toute la lumière soit faite sur cet assassinat, afin de restaurer la confiance dans les milieux médiatiques au Mozambique ».
Selon les informations recueillies par RSF, Cardoso a été abattu, le 22 novembre en fin d’après-midi, près de la rédaction de « Metical », à Maputo. Deux voitures se sont arrêtées à la hauteur du véhicule de Cardoso. Au moins deux hommes en sont descendus et ont ouvert le feu à bout portant sur le journaliste, le criblant de balles. La police a affirmé qu’une enquête avait été ouverte mais n’a pas encore communiqué le résultat de ses premiers travaux. Cardoso était également membre de Juntos telacidade (parti d’opposition), qu’il représentait au conseil municipal de Maputo. Les causes de cet assassinat demeurent troubles, les proches de Cardoso ne lui connaissant pas d’ennemi et celui-ci n’ayant pas reçu de menaces. Cardoso avait dirigé l’agence de presse officielle mozambicaine de 1980 à 1988 puis a fondé « Mediafax », le premier journal indépendant, au début des années 90 avant de créer « Metical » en 1998.
RSF a rappelé que le 30 mai, Cardoso avait été convoqué par le ministre de la Justice pour révéler le nom de ses sources dans une enquête sur une affaire de fraude, en contradiction avec la Loi sur la presse de 1991. Le 2 juin, le journaliste s’était rendu au ministère, mais avait refusé de répondre aux questions des autorités (consulter l’alerte de l’IFEX du 6 juin 2000). Si l’audiovisuel d’État est souvent accusé de manquer d’indépendance, la presse privée jouit d’une grande liberté au Mozambique.
RSF tient également à condamner l’agression dont a été victime Custadio Rafael, journaliste de Radio Mozambique. Le 22 novembre au soir, alors que Rafael rejoignait son domicile, trois hommes l’ont attaqué, battu et lui ont entaillé la langue, lui disant qu »‘il parlait trop ». Il a été laissé inconscient sur la route. Transporté à l’hôpital, il a reçu huit points de suture au visage et à la langue. « Les autorités doivent réagir rapidement pour mettre fin à cette vague d’attaques et de menaces, afin que les journalistes puissent travailler en toute sécurité », a affirmé Ménard. RSF demande l’ouverture d’une enquête, la condamnation des coupables et des mesures du gouvernement mozambicain assurant la sécurité des journalistes.