(RSF/IFEX) – Le journaliste et militant démocrate Minn Kyaw a été enlevé le 1er juin 2004 et retenu pendant douze heures par des membres supposés de la Branche spéciale de la police malaisienne. Il a été interrogé par des Birmans sur ses activités politiques et journalistiques alors que le Premier ministre birman Khin Nyunt arrivait […]
(RSF/IFEX) – Le journaliste et militant démocrate Minn Kyaw a été enlevé le 1er juin 2004 et retenu pendant douze heures par des membres supposés de la Branche spéciale de la police malaisienne. Il a été interrogé par des Birmans sur ses activités politiques et journalistiques alors que le Premier ministre birman Khin Nyunt arrivait en Malaisie. Une autre journaliste birmane, Sein Mar, est détenue par les autorités malaisiennes pour avoir manifesté contre la junte de Rangoon.
RSF et l’Association birmane des médias (Burma Media Association, BMA) condamnent cet enlèvement d’un journaliste et militant de la liberté d’expression et demandent une enquête sur cet incident. Si la thèse d’un enlèvement orchestré par les services de sécurité se confirme, les deux organisations souhaitent des explications du gouvernement. « En plus de recevoir en grande pompe le chef d’un gouvernement dictatorial et sans légitimité, il serait choquant que les autorités de Kuala Lumpur empêchent les journalistes de faire leur travail par peur d’offusquer un général birman », ont déclaré conjointement RSF et la BMA dans une lettre au ministre de la Sécurité intérieure et Premier ministre, Abdullah Ahmad Badawi.
Selon le témoignage de Kyaw, rédacteur en chef de la revue « Burma Media Link » (« Lien des médias birmans »), il a été enlevé par des individus qui se sont présentés comme des agents de la « Branche spéciale » de la police. Il était en route vers l’aéroport en compagnie de sa femme lorsque deux véhicules l’ont forcé à s’arrêter. Un homme s’est précipité vers eux, a ouvert la porte et crié : « Nous voulons Minn Kyaw ». Le journaliste, qui a le statut de réfugié auprès du Haut commissariat sur les réfugiés de Nations unies (HCR), a été extirpé de force du véhicule, puis menotté et cagoulé. Il a été conduit dans une banlieue sud de Kuala Lumpur et enfermé dans un container. Kyaw a été interrogé par une femme birmane après avoir passé plusieurs heures sans nourriture et sans eau. Ses geôliers lui ont posé des questions sur ses activités en faveur de la démocratie en Birmanie et son soutien aux réfugiés birmans en Malaisie. La femme lui a reproché ses articles et ses commentaires sur des radios locales qu’elle a qualifiés « d’insultes à la Birmanie ». Elle lui a également demandé d’où provenaient les fonds qui lui permettaient de publier « Burma Media Link ». Kyaw a été frappé lors de sa détention.
L’épouse du journaliste, Yassra Sahril, a porté plainte. « C’est un cas délicat », a commenté l’officier en charge de l’enquête, qui a refusé de confirmer la thèse d’un enlèvement commandité par les autorités. « L’enquête suit son cours », a-t-il simplement déclaré. Le 3 juin, la police a refusé la présence de l’avocat de Kyaw lors d’un interrogatoire relatif à son enlèvement.
Par ailleurs, la journaliste birmane Sein Mar, responsable de la lettre d’information « Yaung Chee Oo » (« Le nouveau crépuscule ») est détenue, depuis le 17 mai, à Kuala Lumpur. Elle a été arrêtée pour avoir manifesté devant l’ambassade de Birmanie contre la Convention nationale organisée par la junte birmane. Mar a le statut de réfugié auprès du HCR en Malaisie. Sa fille de sept ans, privée de ressources, a été placée dans un centre des Nations unies. RSF et la BMA demandent sa libération dans la mesure où elle n’a fait que manifester pacifiquement en faveur de la liberté d’expression.