(RSF/IFEX) – Le 15 juillet 2003, le Parlement serbe a voté le maintien de trois membres de Conseil de l’audiovisuel, dont la nomination a été entachée d’irrégularités. Encouragés par ce soutien des autorités, deux membres du Conseil ont jeté l’anathème sur Veran Matic, président de l’Association of Independent Electronic Media (ANEM) et rédacteur en chef […]
(RSF/IFEX) – Le 15 juillet 2003, le Parlement serbe a voté le maintien de trois membres de Conseil de l’audiovisuel, dont la nomination a été entachée d’irrégularités. Encouragés par ce soutien des autorités, deux membres du Conseil ont jeté l’anathème sur Veran Matic, président de l’Association of Independent Electronic Media (ANEM) et rédacteur en chef de Radio B92, qui avait dénoncé les violations de la loi sur la radiodiffusion.
« La création d’un Conseil de l’audiovisuel est une étape importante pour la liberté de la presse depuis la fin du régime de Milosevic. Il est indispensable que sa légitimité et son indépendance ne puissent pas être mises en cause. Seule une réélection des membres du Conseil, dans le respect le plus strict des procédures, pourrait lui restaurer cette crédibilité », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans un courrier adressé à Natasa Micic, présidente du Parlement serbe. « Nous déplorons par ailleurs que des membres du Conseil, en particulier son président, se livrent à des attaques personnelles contre des journalistes. Cette attitude éloigne considérablement la nouvelle institution de son rôle et n’est pas compatible avec son devoir d’impartialité », a-t-il ajouté.
La première loi sur les médias depuis le début du processus de démocratisation du pays, adoptée par le Parlement serbe le 18 juillet 2002, prévoyait la création d’un Conseil de l’audiovisuel, chargé en particulier de garantir la régularité et l’impartialité de l’attribution des fréquences. Les médias qui s’étaient vu refuser une autorisation d’émettre par le précédent régime sont toujours sans licence, tandis que ceux qui étaient proches de Slobodan Milosevic préservent aujourd’hui leurs privilèges.
Le Conseil de l’audiovisuel, entré en fonctions le 4 juin 2003, compte neuf membres, dont quatre sont choisis par les Parlements de Serbie et de Voïvodine, deux par les universités et les églises, deux par les organisations non gouvernementales et les associations professionnelles. Le neuvième membre du Conseil, qui représente le Kosovo, est nommé par les huit membres précédents.
Les huit premiers membres du Conseil ont été élus le 11 avril, pendant l’état d’urgence décrété suite à l’assassinat du Premier ministre Zoran Djinjic, et le neuvième le 24 avril. Trois nominations n’ont pas respecté les procédures et les règles fixées par la loi sur la radiodiffusion.
Au nom du principe de transparence, la loi impose que les noms et les biographies des candidats soient rendus publics au moins trente jours avant leur élection au Conseil. Or la nomination de Nenad Cekic par le Parlement serbe n’a été rendue publique que trois jours avant cette échéance et celle de Vladimir Cvetkovic, également choisi par le Parlement serbe, le jour même de l’élection du Conseil. Quant au représentant du Kosovo, Goran Radenovic, il ne remplit pas les conditions exigées par la loi pour occuper ce poste, notamment celle de vivre et de travailler au Kosovo. Snjezana Milivojevic, représentante des associations professionnelles, et Vladimir Vodinelic, représentant des ONG, ont démissionné du Conseil pour protester contre ces irrégularités.
Le 15 juillet, le Parlement serbe a apporté son soutien à Cekic, président du Conseil, Cvetkovic et Radenovic. Immédiatement après le vote, Cekic et Cvetkovic ont diffusé un communiqué de presse accusant Veran Matic d’être à l’origine d’une véritable « chasse aux sorcières » contre eux. Les deux membres du Conseil ont également demandé l’ouverture d’une enquête sur toutes les opérations financières et légales de Radio B92 depuis 2000. Deux plaintes anonymes avaient été déposées contre les dirigeants de Radio B92 pour des irrégularités lors de la privatisation de la radio. Ces accusations ont été démenties par l’Agence de la Privatisation.