(RSF/IFEX) – La justice électorale brésilienne a ordonné au blog « Repiquete no meio do mundo » ( http://alcilene.zip.net/ ), le 17 août 2006, de retirer une caricature du candidat aux élections sénatoriales de l’Etat d’Amapá, José Sarney. Bien que la responsable de la publication, Alcilene Cavalcante, affirme avoir immédiatement accédé à cette demande, son hébergeur brésilien, […]
(RSF/IFEX) – La justice électorale brésilienne a ordonné au blog « Repiquete no meio do mundo » ( http://alcilene.zip.net/ ), le 17 août 2006, de retirer une caricature du candidat aux élections sénatoriales de l’Etat d’Amapá, José Sarney. Bien que la responsable de la publication, Alcilene Cavalcante, affirme avoir immédiatement accédé à cette demande, son hébergeur brésilien, UOL, a fermé son blog quelques jours plus tard. Reporters sans frontières condamne la décision judiciaire prononcée à l’encontre du blogger et demande à UOL de rouvrir « Repiquete no meio do mundo » dans les plus brefs délais.
« Comme les médias traditionnels, les bloggers ont le droit à la caricature. La décision du tribunal régional électoral d’Amapa constitue en soi une atteinte à la liberté d’expression. Mais la fermeture du blog par son hébergeur UOL est encore plus choquante, car elle n’a aucune base légale », a ajouté l’organisation.
La décision du tribunal d’Amapá fait suite à une plainte déposée par José Sarney, sénateur et ancien président de la République (1985-1989). Ce dernier avait également engagé des procédures contre d’autres bloggers, dont la soeur d’Alcilene Cavalcante, mais elles ont été rejetées par la justice électorale.
L’hébergeur, contacté par Reporters sans frontières, affirme avoir demandé à trois reprises à la blogueuse de retirer la caricature avant de fermer sa publication. Alcilene Cavalcante déclare pourtant avoir effacé le dessin le soir même où lui a été formellement notifiée l’injonction judiciaire, c’est-à-dire le 25 août. Il apparaît que la décision de fermer « Repiquete no meio do mundo » a été prise par le service juridique d’UOL et non par la justice. Alcilene Cavalcante a créé un autre blog, hébergé cette fois aux Etats-Unis: http://alcineacavalcante.blogspot.com . Selon elle, José Sarney aurait déjà porté plainte contre cette nouvelle publication.
Bien que ce soit rarement le cas, certaines lois électorales traitent aussi des médias électroniques, et en particulier des blogs. Ces textes réglementaires visent principalement à assurer la juste représentation dans les médias des différents candidats. Ils n’abordent pas généralement la question des délits de presse. Reporters sans frontières considère que si José Sarney s’est senti insulté ou diffamé par la caricature publiée sur le blog, c’est devant un tribunal ordinaire qu’il aurait dû porter plainte, pas devant une juridiction électorale. L’organisation estime enfin que le dessin en question n’est en rien illégal et que la blogueuse Alcilene Cavalcante n’a fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression, reconnu par la législation brésilienne.