(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la vague de censure ayant frappé, depuis le 6 septembre 2006, les quotidiens privés arabophones « Al-Ayam », « Al-Sahafa », « Al-Sudani » et « Rai-al-Shaab » (opposition), une première depuis l’annonce de la fin des lois d’exception par le président Omar al-Bechir en juillet 2005. « Nous avions souligné, l’année dernière, l’amélioration progressive de la situation […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la vague de censure ayant frappé, depuis le 6 septembre 2006, les quotidiens privés arabophones « Al-Ayam », « Al-Sahafa », « Al-Sudani » et « Rai-al-Shaab » (opposition), une première depuis l’annonce de la fin des lois d’exception par le président Omar al-Bechir en juillet 2005.
« Nous avions souligné, l’année dernière, l’amélioration progressive de la situation de la liberté de la presse au Soudan. Mais les agressions et les emprisonnements de journalistes se sont multipliés ces dernières semaines. En contradiction avec ses engagements solennels, le gouvernement soudanais utilise maintenant le drame de l’assassinat du rédacteur en chef du quotidien privé « Al-Wifaq », Mohamed Taha, le 6 septembre 2006, pour remettre en vigueur la censure des articles à caractère politique. La communauté internationale, très concernée par la situation au Soudan, doit aussi prendre en compte la situation de la liberté de la presse », a déclaré Reporters sans frontières.
Selon des journalistes locaux, les articles censurés traiteraient non seulement de l’assassinat de Mohamed Taha, mais aussi de sujets d’actualité embarrassants pour les autorités soudanaises, notamment la répression des manifestations populaires à Khartoum le 30 août et le 6 septembre et le bras de fer engagé entre le président Omar al-Bechir et l’ONU au sujet de la résolution 1706 sur le Darfour.
Le 11 septembre 2006, des agents des forces de sécurité ont ordonné la suppression avant impression, dans « Al-Sahafa », de deux articles traitant d’une rencontre de journalistes au sujet de Mohamed Taha, ainsi que de l’éditorial de Hayder al Mukashfi. Le rédacteur en chef adjoint d' »Al-Sudani », Noureddine Medani, a quant à lui déclaré à l’Agence France-presse (AFP) que des agents des forces de la sécurité avaient saisi, le même jour, des articles traitant des récentes émeutes à Khartoum. De même, des responsables d' »Al-Ayam » ont dénoncé la censure de plusieurs parties de leur journal, sans fournir plus de détails.
Le 9 septembre, la police soudanaise a saisi tous les exemplaires d' »Al-Sudani », à la sortie de l’imprimerie, en invoquant la sécurité des journalistes après l’assassinat de Mohamed Taha. Selon un responsable des services de sécurité, en raison du fait que « le défunt est un journaliste », le traitement « émotionnel » de cet assassinat pourrait « nuire à l’enquête ». Osman Merghani, chroniqueur à « Al-Sudani », a expliqué à l’agence Reuters que les autorités n’avaient pas « signalé quels articles elles n’aimaient pas. Elles ont juste dit que tous les articles étaient inconvenants ».
Enfin, la Sudan Organisation Against Torture rapporte que le 6 septembre au soir, une équipe du département presse et médias du Service de la sécurité nationale a fait irruption dans les locaux de « Rai-al-Shaab » pour ordonner le retrait de toute information relative aux manifestations ayant eu lieu le même jour à Khartoum. Le journal a finalement été imprimé sans une et sans texte en troisième page. Haj Warag n’a pas écrit son éditorial quotidien, en signe de protestation.
Le 11 juillet 2005, devant une assemblée composée de plusieurs présidents africains, du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et de nombreux officiels européens et américains, le président Omar al-Bechir avait affirmé qu’il s’engageait à soutenir la démocratisation du pays, ainsi que l’Etat de droit et les libertés, et à mettre fin aux lois d’exception.