L'enquête sur l'attaque de la journaliste d'investigation monténégrine est au point mort, et Olivera Lakic fait l'objet d'insinuations inacceptables dans la presse pro-gouvernementale.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 5 décembre 2018.
Alors que l’enquête sur l’attaque de la journaliste d’investigation monténégrine est au point mort, et qu’Olivera Lakic fait l’objet d’insinuations inacceptables dans la presse pro-gouvernementale, RSF rappelle au gouvernement monténégrin ses engagements à faire toute la lumière sur cette affaire et ses obligations à garantir la sécurité de la journaliste.
Sept mois après l’agression dont Olivera Lakic a été victime, aucun progrès notable n’a été enregistré dans l’enquête. Pire : la journaliste d’investigation monténégrine et son employeur, le quotidien Vijesti, sont désormais régulièrement dénigrés par les médias pro-gouvernementaux. Leurs détracteurs vont même jusqu’à remettre en cause la réalité de l’agression dont la journaliste a été la cible : Olivera Lakic et son journal sont soupçonnés d’avoir eux-mêmes orchestré l’attaque pour attirer l’attention.
Connue pour ses enquêtes sur le crime et la corruption au Monténégro, Olivera Lakic a été blessée par balles en mai dernier à la jambe, devant son domicile, par un tireur non identifié. La journaliste avait déjà fait l’objet d’une attaque en 2012, alors qu’elle commençait à enquêter sur le trafic de tabac, contrôlé par des hommes d’affaires proches du pouvoir.
Malgré le choc provoqué par cette agression et l’engagement du Premier ministre monténégrin, Dusko Markovic, à lancer une «enquête rapide et efficace» pour connaître les raisons et les commanditaires de ce crime, l’enquête est aujourd’hui au point mort et aucun suspect n’a encore été arrêté.
« Il est de la responsabilité du gouvernement monténégrin de tout mettre en oeuvre pour permettre l’enquête approfondie promise il y a sept mois par le Premier ministre et d’assurer la sécurité d’Olivera Lakic, déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau Union européenne-Balkans de RSF. L’inaction de la justice alimente des insinuations insupportables, jette le discrédit sur la reporter, son travail et menace encore plus la vie de cette courageuse journaliste qui informe sur des sujets d’intérêt général. »
Dans son dernier rapport d’enquête Les journalistes, bêtes noires de la mafia, RSF a mis en lumière la traque incessante des groupes mafieux contre les journalistes qui s’intéressent d’un peu trop près à leur business.
Le Monténégro – où aucune des attaques contre des journalistes n’a été punie ces deux dernières années – occupe aujourd’hui la 103e place sur 180 pays au Classement mondial 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.