Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande énergie l’aggravation, constatée récemment, du climat d’insécurité pour les journalistes, ainsi que l’augmentation des menaces proférées par plusieurs représentants de l’Etat à l’encontre des acteurs de l’information.
Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande énergie l’aggravation, constatée récemment, du climat d’insécurité pour les journalistes, ainsi que l’augmentation des menaces proférées par plusieurs représentants de l’Etat à l’encontre des acteurs de l’information.
“Les intimidations de journalistes et les saccages de médias commis depuis le coup d’Etat de mars 2013 et la prise du pouvoir par la coalition Séléka avaient déjà porté un coup très dur à la liberté de l’information. Mais ces derniers jours, un nouveau cap a été franchi. Pressions, menaces et intimidations, fomentées par les autorités du pays à l’encontre des journalistes de la presse privée, ont redoublé d’intensité. Nous demandons au gouvernement de Bangui d’y mettre immédiatement fin”, a déclaré Reporters sans frontières.
Au cours de la semaine passée, un journaliste a été enlevé et plusieurs ont été intimidés et menacés par des représentants étatiques.
Le 3 aout 2013, Geoffroy Dotte, directeur de publication de l’hebdomadaire Dernières minutes, membre du Groupement des Editeurs de la Presse Privée Indépendante de Centrafrique (GEPPIC) et responsable de la section presse écrite privée au sein de l’Union des journalistes de Centrafrique (UJCA), a été enlevé à Miskine après avoir été vu en possession d’un communiqué de presse émanant des soutiens à l’ancien ministre d’Etat Mohamed Moussa Dhaffane, en grève de la faim depuis le 11 juillet. Le journaliste a été livré à la Séléka, puis conduit les yeux bandés dans un lieu inconnu où il a subi deux heures d’interrogatoire, en dépit de la présentation de sa carte de journaliste. Relâché en début de soirée, il s’est vu intimer l’ordre de garder le silence sur ce qu’il venait de vivre.
Le 27 juillet, au cours d’une conférence de presse au Ledger, le conseiller en Communication du chef de l’Etat a publiquement insulté les journalistes de la presse privée, les qualifiant de “clochards”. Le 2 août dernier, Davy Kpenouwen, directeur de publication du quotidien Le Pays, a été convoqué par le Procureur de la République, qui l’a menacé d’arrestation. Le Pays semble être devenu une cible pour les autorités, depuis qu’il traite de l’affaire Badica. Aucune plainte pour diffamation n’a pourtant été déposée.
Par ailleurs, les journalistes et éditeurs ayant participé le 2 août à l’émission “Club de la Presse” de Radio Ndeke Luka ont reçu des menaces par téléphone.
Au début du mois de juin, le ministre de tutelle en charge de la Communication, Christophe Gazam Betty, s’était invité dans les locaux de la rédaction du quotidien Le Confident, en compagnie d’hommes armés qui avaient mis à sac les archives et menacé les journalistes.
Les 3 mai et 27 juillet 2013, le président de transition Michel Djotodia a rencontré les journalistes de la presse privée. Un premier effort, à encourager, mais qui demeure très insuffisant au vu des récents événements.
Reporters sans frontières avait déjà dénoncé les saccages et pillages de médias opérés par la Séléka lors de son entrée dans la capitale Bangui le 24 mars 2013
La République centrafricaine se situe au 65ème rang, sur 179, dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.