Des vidéos et des témoignages indiquent que le groupe de reporters dont il faisait partie était isolé et identifiable lorsqu'un char israélien a ouvert le feu.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 août 2024.
Un journaliste indépendant a été tué et une autre blessée le 18 août par les tirs d’un char israélien qui a visé un groupe de journalistes identifiables, selon des témoins et des images vidéo. Reporters sans frontières (RSF) dénonce le ciblage des journalistes et réitère son appel urgent à la protection des journalistes à Gaza.
Ibrahim Muhareb et Salma al-Qaddoumi faisaient partie d’un groupe de journalistes qui se rendaient à Khan Younès dimanche 18 août pour couvrir le retrait des forces israéliennes du village situé au centre de Gaza. Vers 19 heures, un char israélien a ouvert le feu sur le groupe, les touchant tous les deux, selon les informations de RSF. Si Salma al-Qaddoumi a réussi à s’échapper malgré une blessure au dos et a survécu à l’attaque, son confrère Ibrahim Muhareb est lui tombé sous les balles et n’a pas pu être évacué à cause des tirs. Ses collègues l’ont retrouvé mort le lendemain matin.
Une vidéo enregistrée par le photojournaliste Ezzedine Muasher et publiée sur son compte Instagram montre un char approchant au bout d’une rue faisant face au groupe. Le char ouvre ensuite le feu, tandis que Ezzedine Muasher et un groupe de journalistes, tous vêtus de gilets siglés “PRESS”, s’enfuient en courant et se mettent à l’abri. Dans la vidéo, Ezzedine Muasher demande où se trouve Ibrahim Muhareb. “Nous avons survécu par miracle”, témoigne-t-il dans la vidéo.
“Ibrahim Muhareb est le dernier journaliste en date à avoir été tué pour avoir voulu exercer son métier à Gaza. Des vidéos et des témoignages indiquent que le groupe de reporters dont il faisait partie était isolé et identifiable lorsqu’un char israélien a ouvert le feu. Ces informations indiquent qu’il a été pris pour cible. RSF dénonce ces attaques récurrentes de l’armée israélienne contre les journalistes. La communauté internationale doit faire pression sur Israël pour que cesse ce carnage et il est également primordial de mettre un terme à l’impunité de ces crimes. RSF déposera une nouvelle plainte auprès de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre commis contre des journalistes.”
Jonathan Dagher, Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF
Ibrahim Muhareb, 26 ans, était un journaliste indépendant de Gaza et travaillait pour le site d’information en ligne palestinien PDN. Dans un communiqué, la rédaction de celui-ci a déclaré qu’il avait été pris pour cible alors qu’il travaillait. Salma al-Qaddoumi était photojournaliste pigiste et était en mission pour des agences de presse internationales, dont l’Agence France-Presse, selon les informations de RSF.
Plus de 130 journalistes ont été tués à Gaza par les forces israéliennes depuis le 7 octobre 2023, dont au moins 30 dans l’exercice de leur métier, et des dizaines d’autres ont été blessés ou évacués. La bande de Gaza assiégée continue d’être fermée aux médias internationaux, malgré les appels répétés de RSF à ouvrir les frontières aux journalistes souhaitant sortir ou entrer. L’organisation a déposé trois plaintes pour crimes de guerre commis par les forces israéliennes contre des journalistes depuis le 7 octobre 2023 et le bureau du procureur de la CPI a déclaré que les crimes contre les journalistes à Gaza sont inclus dans son enquête.