Ce nouvel acte d’accusation est la dernière en date d’une longue série d’actions entreprises par le gouvernement américain pour exploiter des failles juridiques contre Julian Assange, saper sa défense et détourner l’attention du public des conséquences très graves de cette affaire en matière de liberté de la presse.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 2 juillet 2020.
Reporters sans frontières (RSF) condamne le nouvel acte d’accusation présenté par le département de la Justice des Etats-Unis contre le fondateur de Wikileaks, qui s’inscrit dans la longue série de tentatives du gouvernement américain d’exploiter les failles juridiques et de saper la défense de Julian Assange. RSF demande l’abandon de toutes les charges retenues contre le lanceur d’alerte et sa libération immédiate.
Le 24 juin, le département de la Justice américain a présenté un nouvel acte d’accusation contre Julian Assange, qui élargit « l’étendue de la conspiration » dans les allégations de piratage établies contre lui. Julian Assange devait auparavant répondre de 17 chefs d’accusation en vertu de l’Espionage Act et à un 18e chef d’accusation en vertu de la Computer Fraud and Abuse Act (CFAA, loi contre la fraude informatique). Si cette nouvelle accusation ne s’ajoute pas aux précédentes, elle renforce celle liée à la CFAA et modifie les éléments de preuves de certaines des autres charges retenues contre le fondateur de Wikileaks.
C’est une décision extrêmement inhabituelle à ce stade avancé d’une demande d’extradition. Celle-ci avait été engagée sur la base des 18 chefs d’accusation établis par le département de la Justice américain en mai 2019. L’audience d’extradition d’Assange vers les Etats-Unis avait débuté en février 2020 au tribunal de Woolwich Crown, à Londres. RSF avait assisté à la première semaine du procès et exprimé son inquiétude quant au manque de preuves du gouvernement américain contre le fondateur de Wikileaks. Pour l’organisation, Julian Assange a été désigné comme cible pour avoir contribué à la diffusion d’informations d’intérêt public, et les poursuites engagées contre lui se révèlent lourdes de conséquences pour le journalisme et la liberté de la presse au niveau international.
« Ce nouvel acte d’accusation est la dernière en date d’une longue série d’actions entreprises par le gouvernement américain pour exploiter des failles juridiques contre Julian Assange, saper sa défense et détourner l’attention du public des conséquences très graves de cette affaire en matière de liberté de la presse, déclare Rebecca Vincent, directrice des campagnes internationales de RSF. Cette persécution qui n’en finit pas doit tout simplement cesser. Nous renouvelons notre appel à l’abandon de toutes les charges qui pèsent sur Julian Assange et à sa libération immédiate ».
Lors d’une audience de procédure auprès de la Magistrate’s Court de Westminster le 29 juin dernier, l’avocat de Julian Assange, Mark Summers, s’est interrogé sur le fait que de ce nouvel acte d’accusation ait été présenté à ce stade de l’affaire. Il a aussi déploré le fait que l’équipe de la défense en ait pris connaissance par voie de presse. L’acte d’accusation n’avait pas encore été envoyé, ni aux avocats de Julian Assange, ni au tribunal, et n’avait pas encore été intégré à la procédure britannique.
La défense a déclaré qu’elle souhaitait que l’audience d’extradition vers les Etats-Unis se poursuit comme prévu. Le procès sur le fond, qui sera consacré pendant trois semaines à l’examen des preuves, devrait reprendre à partir du 7 septembre. La prochaine audience de procédure est prévue pour le 27 juillet.
Julian Assange est toujours détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, où il reste potentiellement exposé au Covid-19 – un risque encore accru par ses problèmes de santé, qui ajoutent à l’urgence de sa remise en liberté. Depuis plusieurs mois, son mauvais état de santé l’empêche de se déplacer jusqu’aux salles de vidéoconférence de la prison et de participer à distance aux audiences.
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis occupent respectivement le 33e et le 45e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.