(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Vladimir Poutine, RSF a protesté contre la perquisition effectuée par des policiers de la brigade fiscale au siège du groupe de presse d’opposition Media-Most. « Il s’agit d’une intimidation de plus contre les médias d’opposition, dans la tentative menée par les autorités pour étouffer les […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Vladimir Poutine, RSF a protesté contre la perquisition effectuée par des policiers de la brigade fiscale au siège du groupe de presse d’opposition Media-Most. « Il s’agit d’une intimidation de plus contre les médias d’opposition, dans la tentative menée par les autorités pour étouffer les voix contestataires », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. RSF a demandé au président Poutine de faire en sorte que de telles perquisitions ne se reproduisent plus et de respecter les engagements pris par la Russie au sein du Conseil de l’Europe, en faveur de la liberté de la presse.
Selon les informations recueillies par RSF, des hommes armés ont perquisitionné, le 11 mai 2000, au siège du groupe de presse Media-Most à Moscou, ainsi que dans les locaux des compagnies NTV Internet et Memonet, appartenant au même groupe. Les autorités ont invoqué une instruction en cours visant les activités des services de sécurité de Media-Most.
Vladimir Goussinski, propriétaire du groupe, avait appelé à voter pour le réformateur Grigori Iavlinski, opposant à Poutine à l’élection présidentielle de mars dernier. La chaîne de télévision NTV et la station de radio Echos de Moscou, appartenant au groupe, ont dénoncé à plusieurs reprises la corruption dans le pays et proposé un regard différent sur le conflit en Tchétchénie, notamment en diffusant les témoignages des victimes. NTV est également la seule chaîne de télévision à diffuser une émission satirique, « Koukli ». Par ailleurs, le quotidien « Sevodnia », également propriété de Media-Most, a récemment publié une série d’articles sur l’ascension politique de certains responsables du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB).
NTV et les Echos de Moscou font régulièrement l’objet de pressions de la part des autorités russes. Les responsables de NTV craignent de ne pas obtenir le renouvellement de leur licence qui expire dans quelques mois. En novembre 1999, les comptes bancaires de Media-Most avaient été bloqués par la justice pour une affaire de crédits non remboursés. En mars 2000, Poutine, en réponse à un journaliste du quotidien « Kommersant » qui l’interrogeait sur la liberté de la presse en Russie, avait répondu : « Vous et moi ne donnons pas le même sens à ce terme ».