(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 19 décembre 2000 : Reporters sans frontières dénonce une situation « grave » pour la liberté de la presse Malgré les menaces de suspension émises par le Conseil de l’Europe en 1999 contre l’Ukraine, la situation de la liberté de la presse s’est très sensiblement dégradée […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 19 décembre 2000 :
Reporters sans frontières dénonce une situation « grave » pour la liberté de la presse
Malgré les menaces de suspension émises par le Conseil de l’Europe en 1999 contre l’Ukraine, la situation de la liberté de la presse s’est très sensiblement dégradée au cours de l’année 2000. L’Ukraine a rejoint cette année la liste des pays où la situation est grave pour la liberté de la presse. Les agressions ou intimidations à l’encontre des journalistes se sont multipliées. Au moins une vingtaine ont été recensées par Reporters sans frontières (RSF) depuis le 1er janvier 2000. Le harcèlement fiscal et les amendes prohibitives appliquées pour diffamation continuent d’asphyxier économiquement la presse indépendante.
Les conditions de la disparition du journaliste Géorgiy Gongadze sont révélatrices du lourd climat d’intimidation et de menace qui pèse désormais sur la liberté d’informer en Ukraine. Géorgiy Gongadze, fondateur et rédacteur en chef du journal en ligne www.pravda.com.ua, très critique envers le pouvoir, avait été l’objet de mesures d’intimidation de la part des services de police dans les semaines précédant sa disparition, le 16 septembre 2000. Le corps décapité retrouvé en novembre pourrait être – selon des éléments concordants – celui de Georgiy Gongadze. Enfin, les révélations en novembre d’un officier ukrainien des services secrets sur une possible implication des plus hautes autorités du pays dans la disparition du journaliste, exigent que toute la lumière soit rapidement faite dans cette très grave affaire.
RSF demande aux autorités ukrainiennes que tous les moyens soient mis en oeuvre – avec un concours international au besoin – pour que l’identité du corps retrouvé soit établie avec certitude, et pour que les enregistrements sonores présentés au parlement soient expertisés. L’organisation demande également aux institutions internationales et européennes de rappeler aux autorités ukrainiennes que la situation actuelle est incompatible avec les engagements de l’Ukraine, et notamment son statut de membre du Conseil de l’Europe.
« Nous encourageons et appuyons le combat des journalistes ukrainiens pour la recherche de la vérité » a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Les engagements des autorités ukrainiennes en faveur de la liberté de la presse ne pourront être considérés comme crédibles tant que l’affaire de la disparition de Géorgiy Gongadze n’aura pas été élucidée », a conclu M. Ménard.