Le chef du gouvernement a suggéré que toute publication soit désormais soumise à une autorisation gouvernementale préalable et indispensable.
(RSF/IFEX) – Le 27 octobre 2010 – Le 26 octobre 2010, Reporters sans frontières a écrit au Premier ministre du Swaziland, Barnabas Sibusiso Dlamini, pour lui exprimer son indignation. Le chef du gouvernement a récemment accusé les éditorialistes de presse de travailler pour le compte de puissances étrangères en vue de ternir la réputation du Swaziland et a suggéré que toute publication soit désormais soumise à une autorisation gouvernementale préalable et indispensable.
« La théorie du complot est une vieille antienne des rhétoriques simplistes de régimes peu enclins à respecter les libertés fondamentales. Augmenter le nombre d’obstacles qui se dressent devant les journalistes ne peut avoir que des effets négatifs. Promulguer une telle loi jetterait l’opprobre sur le Swaziland et ternirait son image bien plus que n’importe quel article critique », a écrit Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
« Nous vous demandons de favoriser les libertés de presse et d’expression et d’abandonner l’idée d’adopter une loi répressive sur les médias. En mettant un terme aux pressions qui pèsent actuellement sur le monde des médias et en assouplissant le climat pour les journalistes, le Swaziland avancerait résolument vers la modernité », a-t-il ajouté.
Dans un discours récemment prononcé devant le Parlement, le Premier ministre a exprimé son désir de voir prochainement naître une nouvelle loi sur la presse et les médias qui imposerait aux éditorialistes de la presse écrite d’obtenir une autorisation gouvernementale avant toute publication. « En faisant de l’accord du gouvernement une condition sine qua non de la publication d’articles de presse, vous juguleriez toute liberté d’expression et enlèveriez à la profession de journaliste son essence même », a estimé Reporters sans frontières.
Malgré la Constitution nationale qui garantit la liberté de la presse, les médias au Swaziland font face à de lourdes difficultés. Les autorités rappellent régulièrement aux journalistes la conduite à tenir. Le 21 juillet 2010, le frère du roi Mswati III a menacé de mort les journalistes critiques envers le royaume. En 2009, deux éditorialistes, Mfomfo Nkambule, du Times of Swaziland, seul journal privé du pays, et Mario Masuku, de Times Sunday, ont été contraints d’abandonner leur colonne sous la contrainte du gouvernement. La presse publique diffuse uniquement des informations contrôlées et validées par le ministère de l’Information. Les journaux indépendants ont d’énormes difficultés à accéder à l’information officielle. L’autocensure est généralisée, la critique inimaginable.
Pour toutes ces raisons, le Swaziland occupe la 155e place (sur 178 pays) du classement mondial 2010 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières le 20 octobre dernier. Depuis plusieurs années, le roi Mswati III figure quant à lui dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse établie par l’organisation.