(RSF/IFEX) – RSF s’est déclarée scandalisée après l’annonce par la justice indonésienne de la fin de la procédure judiciaire sur le meurtre du journaliste néerlandais Sander Thoenes. « Nous sommes plus que surpris et déçus par cette décision, qui intervient alors que l’enquête touchait à son but et que des suspects ont été identifiés », a déclaré […]
(RSF/IFEX) – RSF s’est déclarée scandalisée après l’annonce par la justice indonésienne de la fin de la procédure judiciaire sur le meurtre du journaliste néerlandais Sander Thoenes. « Nous sommes plus que surpris et déçus par cette décision, qui intervient alors que l’enquête touchait à son but et que des suspects ont été identifiés », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dans une lettre adressée au ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Yusril Ihza Mahendra. « Il faut absolument que les autorités judiciaires reviennent sur cette décision, afin que l’affaire Sander Thoenes ne consacre pas une nouvelle victoire de l’impunité en Indonésie », a conclu Ménard. Enfin, RSF s’associe à la demande de la famille de Thoenes de transférer l’affaire vers la justice internationale.
Selon les informations recueillies par l’organisation, le porte-parole du bureau du procureur (attorney general) de Jakarta, Barman Zahir, a annoncé, le 13 juin 2002, l’abandon des poursuites dans l’affaire Thoenes, reporter néerlandais du quotidien « Financial Times », assassiné au Timor oriental, le 21 septembre 1999. Selon le procureur, les enquêteurs ne disposeraient pas d’assez de « preuves » pour inculper le principal suspect, le lieutenant Camillo dos Santos, officier du 745e bataillon déployé à Dili (capitale) au moment des faits. Début 2002, le militaire indonésien a été formellement identifié par plusieurs témoins oculaires entendus par la police néerlandaise comme le principal suspect dans cette affaire. La police de La Haye avait en effet ouvert une enquête de son côté, dont elle faisait état des avancées auprès des autorités indonésiennes. L’accusation a déclaré que le témoin clef proposé par les enquêteurs néerlandais n’était pas « digne de confiance » et modifiait régulièrement sa déposition. En outre, si les résultats de l’autopsie pratiquée par des légistes australiens faisaient état de blessures par balles sur le corps du journaliste, les conclusions de leurs homologues indonésiens décrivaient des blessures à l’arme blanche.
L’annonce du classement de l’affaire intervient alors que l’enquête semblait sur le point d’être résolue. La famille et le gouvernement néerlandais attendaient un procès en Indonésie. Ainsi, Bart Jochem, porte-parole du ministre des Affaires étrangères néerlandais, a déclaré qu’il n’y avait « aucune raison de clore cette affaire ». Selon lui, « il y a au contraire plus d’une raison pour porter cette affaire devant une cour ». Par ailleurs, la famille du journaliste a lancé un appel à la communauté internationale pour que « le meurtre de Sander Thoenes et les autres crimes commis au Timor oriental soient jugés par un tribunal international car le tribunal pour le Timor oriental mis en place par l’Indonésie ne progresse pas sérieusement ».