(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 29 mai 2002 : 8 juin 2002 : 25e anniversaire des protocoles additionnels aux Conventions de Genève Reporters sans frontières interpelle les Etats et les professionnels des médias sur la sécurité des journalistes en zones de conflit ou de tension A l’occasion du 25e […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 29 mai 2002 :
8 juin 2002 : 25e anniversaire des protocoles additionnels aux Conventions de Genève
Reporters sans frontières interpelle les Etats et les professionnels des médias sur la sécurité des journalistes en zones de conflit ou de tension
A l’occasion du 25e anniversaire des protocoles additionnels aux Conventions de Genève, Reporters sans frontières enjoint les Etats signataires d’appliquer l’article 79 du Protocole I, qui garantit la sécurité des journalistes en mission périlleuse. Par ailleurs, l’organisation de défense de la liberté de la presse demande aux directions des médias et aux journalistes de s’engager à suivre les principes formulés dans la charte sur la sécurité des journalistes en zones de conflit ou de tension, publiée par Reporters sans frontières en mars 2002.
Les Conventions de Genève de 1949 régissent le droit international humanitaire. Les protocoles additionnels ont été élaborés en 1977 afin d’élargir et de renforcer la protection des civils dans les conflits armés internationaux (Protocole I) et les conflits internes (Protocole II). L’article 79 du Protocole I prévoit des mesures de protection pour les journalistes intervenant dans les zones de conflit armé :
« Les journalistes qui accomplissent des missions professionnelles périlleuses dans des zones de conflit armé seront considérés comme des personnes civiles (…) : (…) Ils seront protégés en tant que tels conformément aux Conventions de Genève et au présent protocole, à condition de n’entreprendre aucune action qui porte atteinte à leur statut de personnes civiles (…) ». (…) Ils pourront obtenir une carte d’identité conforme au modèle joint à l’Annexe II au présent protocole. Cette carte, qui sera délivrée par le gouvernement de l’Etat dont ils sont les ressortissants, ou sur le territoire duquel ils résident ou dans lequel se trouve l’agence ou l’organe de presse qui les emploie, attestera de la qualité de journaliste de son détenteur. »
L’article premier des Conventions de Genève prévoit que les « Hautes parties contractantes (les Etats) s’engagent à respecter et à faire respecter » le droit international humanitaire. A ce jour, 189 Etats sont parties aux Conventions, 159 au Protocole I et 152 au Protocole II. Les Etats ont ainsi l’obligation de se conformer aux règles prévues pour la protection des journalistes en mission périlleuse tout comme ils doivent protéger toutes les personnes civiles impliquées dans un conflit.
Cependant, même si la protection offerte par le droit international est adéquate, celui-ci est de moins en moins respecté par certaines parties en conflit. La sécurité des journalistes n’est donc pas toujours assurée en pratique. Le tribut payé par les correspondants de presse s’alourdit à chaque nouveau conflit. Ainsi, 522 journalistes ont été tués ces dix dernières années, dont près de la moitié en zones de conflit, principalement en Algérie, au Rwanda, dans les Balkans et en Colombie. 72 % des journalistes tués en missions périlleuses ont été délibérément pris pour cibles. Les premiers touchés sont les journalistes des agences de presse et de la presse écrite (61 % des tués). Les journalistes locaux représentent 87 % de l’ensemble des tués.
Il est temps de prendre les mesures nécessaires pour tenter de limiter les risques encourus. La charte sur la sécurité des journalistes en zones de conflit ou de tension a été élaborée par Reporters sans frontières avec le concours du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de représentants des ministères français des Affaires étrangères et de la Défense, du Conseil de l’Europe, de l’OSCE, de l’UNESCO, de syndicats de journalistes (Confédération française démocratique du travail – CFDT et Syndicat national des journalistes – SNJ), du World Press Freedom Committee, ainsi que de médecins et du groupe d’assurances IPS Bellini-Gutenberg.
Bien que le risque zéro n’existe pas en zone de guerre, cette charte dégage un certain nombre de propositions utiles autour des huit principes suivants : engagement des médias, des pouvoirs publics et des journalistes à rechercher systématiquement les moyens de mesurer et de limiter les risques encourus, départ du journaliste de son plein gré, expérience de terrain, préparation préalable, équipement adéquat, assurance couvrant la maladie, le rapatriement, l’invalidité et le décès, soutien psychologique et protection juridique du reporter.
La charte sur la sécurité des journalistes en zones de conflit ou de tension rappelle, dans son huitième principe, rédigé sur les conseils du CICR, les dispositions du droit international humanitaire en faveur des journalistes.
La charte été diffusée aux rédactions du monde entier par Reporters sans frontières et les partenaires qui ont oeuvré à son élaboration, grâce à leurs réseaux de correspondants et de représentants à l’étranger.
Le texte de la charte ci-jointe est disponible sur le www.rsf.org.