**Mise à jour des alertes de l’IFEX des 10, 9, 8, 7, 4, 2 et 1 février, 31 et 28 janvier 2000, 2 décembre, 25 et 18 octobre, 27 et 16 août 1999** (RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président par intérim Vladimir Poutine, RSF s’est indignée de l’attitude des autorités russes dans l’affaire […]
**Mise à jour des alertes de l’IFEX des 10, 9, 8, 7, 4, 2 et 1 février, 31 et 28 janvier 2000, 2 décembre, 25 et 18 octobre, 27 et 16 août 1999**
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président par intérim Vladimir Poutine, RSF s’est indignée de l’attitude des autorités russes dans l’affaire du journaliste Andrei Babitsky. Accusant l’armée de « non-respect flagrant de la Convention de Genève », l’organisation a vigoureusement protesté contre l’utilisation des journalistes comme monnaie d’échange dans le conflit en Tchétchénie. « Cet acte est une violation non seulement de toutes la conventions internationales mais également de votre propre législation », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous vous tenons personnellement responsable du sort de Andrei Babitsky, livré aux rebelles tchétchènes par l’armée », a-t-il ajouté. Rappelant plusieurs cas de violations de la liberté d’informer dans le pays, l’organisation a demandé au président Poutine de garantir personnellement le respect les engagements de la Russie pris au sein des organisations internationales, notamment le Conseil de l’Europe, en faveur de la liberté de la presse.
Babitsky, correspondant pour la radio américaine Radio Free Europe en Russie, a été arrêté, le 18 janvier 2000, par les forces fédérales à la sortie de Grozny. Accusé de « participation à une bande armée », le journaliste a été détenu près de Naursk (nord de la Tchétchénie) avant d’être, selon des sources militaires, remis aux rebelles tchétchènes en « échange » de deux soldats russes. Selon les autorités du Kremlin, Babitsky aurait accepté de son plein gré cet « échange » et aurait signé une décharge allant dans ce sens. De leur côté, des responsables tchétchènes affirment ne rien savoir du journaliste et nient l’existence d’une quelconque transaction avec l’armée. Le 8 février, Babitsky donne pour la première fois de ces nouvelles depuis sa disparition dans une cassette vidéo parvenue à Radio Free Europe. Ses proches et ses collègues craignent néanmoins une opération de désinformation de la part de l’armée et des services secrets, visant à masquer leur responsabilité dans cette affaire.
Début janvier, le domicile de Babitsky à Moscou avait été perquisitionné et de nombreuses notes et documents de travail concernant la Tchétchénie lui ont été saisis par les autorités. Le journaliste est connu pour ses reportages critiques sur l’action des forces fédérales dans la République indépendantiste.
Les autorités russes ont démontré à plusieurs reprises leur animosité envers les représentants de la presse étrangère depuis le début de l’intervention armée en Tchétchénie. Le 25 octobre, Oleg Koussov, également correspondant de Radio Free Europe s’était vu confisquer son dictaphone par un officier russe à la frontière entre l’Ingouchie et la Tchétchénie. Le journaliste avait été frappé par un autre militaire après avoir essayé de protester. Le 29 décembre, six journalistes occidentaux avaient été arrêtés près de Grozny par des militaires russes qui leur reprochaient l’absence d’accréditation pour accéder aux zones de combats. Marcus Warren du quotidien britannique « Daily Telegraph », Rodrigo Fernandez, correspondant du quotidien espagnol « El Pais », David Filipov du quotidien nord-américain « Boston Globe », Daniel Williams, journaliste du quotidien « Washington Post », Ricardo Ortega de la chaîne de télévision espagnole Antena 3 et son cameraman Teimuraz Gabashvili avaient été conduits à la base militaire russe de Mozdok, en Ossétie du Nord, et interrogés pendant plusieurs heures avant d’être libérés.
Le conflit en Tchétchénie a d’ores et déjà causé la mort de trois journalistes tchétchènes, victimes des bombardements des forces fédérales. Lors du conflit précédent, en 1994-1996, une dizaine de représentants de la presse ont trouvé la mort dans les zones de combats.
Reporters sans frontières rappelle également qu’au moins deux journalistes, Vladimir Iatsin et le photographe français Brice Fleutiaux, demeurent toujours détenus en Tchétchénie par des bandes armées. Depuis 1997, pas moins de vingt représentants de la presse ont été victimes d’enlèvements dans la République indépendantiste.