(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières s’est dite préoccupée et scandalisée par la mise en examen, les 12 et 13 octobre 2005, par un juge d’instruction du tribunal de Nanterre, de trois journalistes de l’hebdomadaire « Le Point », Christophe Labbé, Olivia Recasens et Jean-Michel Décujis, ainsi que de deux journalistes du quotidien « L’Equipe », Damien Ressiot et Dominique […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières s’est dite préoccupée et scandalisée par la mise en examen, les 12 et 13 octobre 2005, par un juge d’instruction du tribunal de Nanterre, de trois journalistes de l’hebdomadaire « Le Point », Christophe Labbé, Olivia Recasens et Jean-Michel Décujis, ainsi que de deux journalistes du quotidien « L’Equipe », Damien Ressiot et Dominique Issartel. Les cinq journalistes sont accusés de « recel de violation du secret de l’instruction » dans l’affaire de l’équipe cycliste Cofidis.
« Le droit à la protection du secret des sources, garanti par l’article 109 du code pénal et par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, est une nouvelle fois bafoué. Il est scandaleux que des journalistes qui n’ont fait qu’exercer leur métier soient mis en examen. La tendance de la justice à faire pression sur les journalistes pour qu’ils révèlent leurs sources est lourde en ce moment en France, et en Europe d’une manière générale. De plus, le travail des journalistes ne semble pas avoir gêné l’instruction en cours dans le dossier Cofidis. Il est urgent de modifier la loi française et de supprimer la notion de recel de violation du secret de l’instruction qui est une aberration et qui porte préjudice aux journalistes d’investigation », a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous rappelons que les journalistes mis en examen sont de bons journalistes qui ont bien fait leur travail. Heureusement pour la profession, les sources des journalistes n’ont pas été identifiées, malgré une débauche de moyens technologiques », a affirmé François Malye, responsable de la société des rédacteurs du « Point ».
Début 2004, le parquet de Nanterre avait ouvert une information judiciaire pour violation du secret de l’instruction, à la suite de la publication dans « Le Point » du 22 janvier 2004 de l’intégralité des transcriptions d’écoutes téléphoniques ordonnées par le juge Richard Pallain dans l’affaire de dopage visant les soigneurs et les coureurs cyclistes de l’équipe Cofidis.
« L’Equipe » avait, pour sa part, publié, le 9 avril 2004, de larges extraits des procès-verbaux d’audition de plusieurs coureurs de Cofidis, pour certains mis en examen dans le dossier.
Deux perquisitions presque simultanées avaient eu lieu, le 13 janvier 2005, aux sièges de l’hebdomadaire « Le Point » et de « L’Equipe », ainsi qu’aux domiciles de deux journalistes du quotidien, entraînant des saisies de disques durs et d’agendas. Selon une source proche des rédactions, les journalistes avaient ensuite été placés sur écoutes par l’inspection générale des services, chargée de l’enquête.