(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Jaime Mayor Oreja, RSF a exprimé « sa profonde indignation » après l’assassinat de José Luis Lopez de la Calle, collaborateur de l’édition « Pays Basque » du quotidien « El Mundo ». Dans sa lettre, Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dénonce « un acte particulièrement lâche ». « Les auteurs [de ce […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Jaime Mayor Oreja, RSF a exprimé « sa profonde indignation » après l’assassinat de José Luis Lopez de la Calle, collaborateur de l’édition « Pays Basque » du quotidien « El Mundo ». Dans sa lettre, Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dénonce « un acte particulièrement lâche ». « Les auteurs [de ce meurtre] veulent faire taire tous ceux qui osent tout simplement faire leur métier : informer. Ils représentent une menace pour la liberté de la presse en Espagne. Et doivent être traités comme tels », a ajouté le secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé au ministre de l’Intérieur espagnol « de prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir la sécurité des journalistes menacés ».
L’assassinat de José Luis Lopez de la Calle constitue le quatrième attentat contre un professionnel de l’information attribué à l’ETA (Euskadi ta Askatasuna) depuis un mois et demi. Le 3 mai 2000, à l’occasion de la 10ème journée internationale de la liberté de la presse, Fernando Castello, Président de RSF avait prévenu, depuis Madrid, que cette spirale de la violence pouvait aboutir à l’assassinat d’un journaliste. Il avait déjà demandé que des mesures soient prises pour garantir la sécurité des journalistes menacés et appelé les responsables politiques basques à ne plus désigner les journalistes comme des « ennemis du nationalisme basque ».
Selon les informations obtenues par RSF, Lopez a été tué par balles, le 7 mai vers 9h45 (heure locale), en pleine rue, dans la localité d’Andoain où il résidait, située au Pays basque espagnol (nord). Aucun témoin n’aurait assisté à la scène. Le corps du journaliste a été découvert par un voisin qui avait entendu des coups de feu. La police régionale basque (Ertzaintza) a attribué l’attentat à l’organisation séparatiste basque ETA. Lopez était membre du Forum Ermua, une organisation opposée à la violence politique. Il avait reçu des menaces de mort au cours des dernières semaines.
RSF a déjà dénoncé à plusieurs reprises les menaces et les attentats contre les journalistes espagnols. Il s’agit en effet du quatrième attentat contre un professionnel de l’information attribué à l’ETA depuis un mois et demi. Le 25 avril, un colis piégé adressé au journaliste Jesús Maria Zuloaga, du quotidien madrilène « La Razon », avait été détecté et désamorcé (consulter l’alerte de l’IFEX du 26 avril 2000). Le 28 mars à Séville (sud), le journaliste vedette de la Radio nationale espagnole (RNE), Carlos Herrera, avait également reçu un paquet piégé, désamorcé à temps par la police. Le 21 mars, un engin explosif artisanal avait causé des dégâts matériels au domicile des parents du journaliste Pedro Briongos, correspondant du quotidien El Correo, à Bilbao (nord) (consulter les alertes de l’IFEX des 29, 28 et 22 mars 2000). Le 18 février, des sympathisants de l’organisation indépendantiste basque avaient appelé au boycott de plusieurs médias nationaux, dont les quotidiens « El Correo », « El Diario Vasco » et « El Diario de Navarra ». Des accusations contre de nombreux journalistes avaient été proférées par des responsables politiques basques.
Le 3 mai, à l’occasion de la 10ème journée internationale de la liberté de la presse, Periodistas sin Fronteras, section espagnole de RSF, avait remis son « Prix Liberté de la presse 2000 » à Carlos Herrera et Jesús Maria Zuloaga. Castello, a appelé à une manifestation silencieuse le 8 mai à 19 heures en hommage à Lopez et a demandé aux rédactions des médias espagnols d’observer une minute de silence le même jour.