(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à John Ashcroft., ministre de la Justice (attorney general), RSF a protesté contre l’interpellation du correspondant d’Al-Jazira à Washington, Mohammad Al-Alami, par la police, alors qu’il se rendait au sommet américano-russe au Texas. « La détention provisoire du journaliste est une violation des droits les plus élémentaires de circulation et […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à John Ashcroft., ministre de la Justice (attorney general), RSF a protesté contre l’interpellation du correspondant d’Al-Jazira à Washington, Mohammad Al-Alami, par la police, alors qu’il se rendait au sommet américano-russe au Texas. « La détention provisoire du journaliste est une violation des droits les plus élémentaires de circulation et d’information. Mohammad Al-Alami a été victime d’une véritable discrimination, » a dénoncé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Les déclarations hostiles récurrentes des autorités américaines contre Al-Jazira n’ont pu que favoriser cette interpellation arbitraire », a-t-il ajouté. L’organisation a demandé au secrétaire d’État de mettre un terme aux pressions exercées sur la chaîne qatarie, soulignant que « le pluralisme de l’information doit être respecté en toutes circonstances. »
Selon des informations recueillies par RSF, Al-Alami a été interpellé le 14 novembre 2001 à son arrivée à l’aéroport de Waco, au Texas. « Des policiers armés de fusils automatiques M-16 m’ont suivi à ma sortie de l’aéroport et m’ont arrêté », a déclaré Al-Alami. Le journaliste, de nationalité américaine, a fourni en vain aux policiers son passeport et une accréditation de presse. La carte de crédit utilisée pour l’achat de son billet d’avion ayant servi en Afghanistan, la police a refusé de le laisser quitter l’aéroport. Le journaliste a été relâché quelques heures plus tard, après intervention des services secrets américains. Le FBI a invoqué une « erreur d’identification ».
Al-Jazira était encore récemment la seule chaîne de télévision autorisée par les taliban à émettre depuis Kaboul pendant les opérations militaires américaines.
Le 12 novembre, RSF avait protesté après que l’armée des États-Unis avait bombardé les locaux d’Al-Jazira à Kaboul. Alors que les premiers groupes de soldats de l’Alliance du Nord pénétraient dans la ville abandonnée par les taliban, des avions de chasse américains ont pris pour cible les locaux de la télévision. Aucune victime n’est à déplorer, mais le matériel est totalement détruit (consulter l’alerte de l’IFEX du 15 novembre 2001).
Le 10 octobre, le secrétaire d’État Colin Powell avait déclaré sur la chaîne de télévision américaine CBS qu’Al-Jazira « donne un temps et une attention très larges à certaines déclarations au vitriol » et « irresponsables ». Il avait dénoncé la « rhétorique incendiaire » de la chaîne qatarie. Celle-ci avait diffusé, au lendemain des premières frappes américaines, les déclarations d’Oussama ben Laden promettant aux États-Unis de « ne plus jamais connaître la sécurité ».
Le 3 octobre, Powell s’était adressé au Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, émir du Qatar et principal actionnaire de la chaîne, pour lui demander d’intervenir auprès de la direction de la chaîne afin qu’elle modifie sa couverture des événements. La veille, l’ambassade américaine au Qatar avait accusé Al-Jazira de fournir une couverture « biaisée » des événements du 11 septembre et « d’encourager des sentiments anti-américains » au Moyen-Orient (consulter des alertes de l’IFEX des 23, 9 et 5 octobre 2001).