Les radios étrangères continuent d'être les principales sources d'information indépendantes pour la population.
(RSF/IFEX) – Le 10 octobre 2011 – Les informations sur la situation des droits de l’homme en Corée du Nord continuent de filtrer. Les médias basés à l’étranger ont de plus en plus de contacts à l’intérieur du pays, alors que chaque année, plusieurs milliers de transfuges nord-coréens parviennent à rejoindre le Sud. La Corée du Nord est elle toujours un pays hermétiquement fermé?
En juillet dernier, Reporters sans frontières s’est rendue à Séoul, en Corée du Sud, pour enquêter sur la situation de la liberté des médias et de l’information en Corée du Nord. L’organisation a rencontré de nombreux spécialistes, des militants des droits de l’homme, des transfuges et des officiels sud-coréens afin de comprendre les changements qui se sont opérés dans le pays depuis 2004, date de la dernière enquête menée par l’organisation. A cette occasion Reporters sans frontières publie un rapport intitulé « Corée du Nord : les frontières de la censure », qui revient sur la situation de la liberté de l’information dans le pays, le contrôle des médias et la censure opérés par Pyongyang.
Les radios étrangères continuent d’être les principales sources d’information indépendantes pour la population nord-coréenne. Emettant en coréen, elles sont écoutées par ceux qui ont pu se procurer, au marché noir, des postes radios qui captent les ondes courtes, sur lesquelles sont diffusées entre deux et trois heures de programmes par jour. Le flux d’informations est favorisé par les stations de radio étrangères mais aussi par les organisations qui envoient du matériel et du contenu multimédia.
Les autorités semblent incapables de contenir le trafic et les échanges en plein développement, notamment dans les quelques 300 marchés que compte le pays, ou près de la frontière chinoise, où l’usage du téléphone portable et la contrebande de DVD, clés USB et autres supports numériques sont en forte augmentation. Sept ans après son premier rapport intitulé « Le journalisme au service du totalitarisme », dans lequel l’organisation décrivait le « plan permanent d’information » mis en place par le régime, Reporters sans frontières constate que les médias officiels n’ont connu que peu d’évolutions et continuent de servir la propagande de Kim Jong-il. Le régime prépare actuellement la succession de Kim Jong-un à son père, dont une étape importante pourrait être le centenaire de la naissance du Président éternel, Kim Il-sung, en 2012.
Reporters sans frontières, qui soutient depuis 2009 les radios, basées à Séoul, opérées par des transfuges, telles que Free North Korea Radio, Radio Free Chosun et Open Radio for North Korea, appelle le gouvernement sud-coréen à soutenir l’action cruciale de ces médias, et à promouvoir leur activité auprès de la communauté internationale. Ces radios sont aujourd’hui les principaux garants du droit des Nord-Coréens à bénéficier d’une information pluraliste.