Une délégation de RSF s'est rendue à Kaboul afin de rencontrer des officiels et des journalistes, et les responsables français qui traitent du dossier de l'équipe de France 3 prise en otage dans la province de Kapisa depuis décembre 2009.
(RSF/IFEX) – Le 7 juin 2010 – Alors que le pays s’engage dans un long processus de paix, de hauts responsables afghans ont pris position en faveur de la libération des journalistes otages en Afghanistan et pour un meilleur respect de la liberté et de la sécurité des reporters.
Le président du Sénat et président de la Commission de la consolidation de la paix, Sibghatullah Mojaddedi, le ministre de l’Information et de la Culture, Makhdom Raheen, le porte-parole du Conseil des oulémas, Fazel Ahamad Manawi, et les associations afghanes de journalistes, appellent à la libération des journalistes étrangers et afghans en otages dans le pays. Au moins trois reporters étrangers, deux Français et un Japonais, ainsi que trois accompagnateurs afghans sont actuellement détenus par les insurgés.
Une délégation de Reporters sans frontières, menée par son président Dominique Gerbaud, s’est rendue à Kaboul du 15 au 20 mai, afin de rencontrer des officiels et des journalistes, et les responsables français qui traitent du dossier de l’équipe de France 3 prise en otage dans la province de Kapisa depuis décembre 2009.
« Il est aujourd’hui urgent que les conditions soient créées pour que les journalistes soient libérés. La création par la Jirga de la paix d’une commission chargée d’examiner la libération des prisonniers est un développement encourageant. Nous appelons les ravisseurs à entendre ces appels pour une issue rapide et négociée à ces prises d’otages qui n’ont que trop duré », a affirmé l’organisation.
En accord avec les organisations afghanes de journalistes, Reporters sans frontières appelle à la mobilisation des médias, de la société civile, de l’Etat et des institutions religieuses pour mettre fin aux violences qui rendent le travail des professionnels des médias afghans et étrangers de plus en plus délicat. « Les journalistes ne sont ni des soldats ni des mercenaires, mais des professionnels de l’information qui ont le droit à être protégés, mais également le devoir d’informer le plus objectivement possible », a ajouté Reporters sans frontières.
Le président du Sénat et ancien président de la République, Sibghatullah Mojaddedi, a fait l’honneur de recevoir la délégation de Reporters sans frontières et a condamné les prises d’otages : « Cette action est contre l’islam et l’humanité. Je suis favorable à la libération sans conditions des otages et je demande à tous les responsables, qu’ils fassent tout ce qu’ils peuvent pour l’obtenir. Je suis favorable aux échanges de prisonniers. A l’époque du djihad, nous avons régulièrement pratiqué ces échanges ».
De son côté, le porte-parole du Conseil des oulémas, Fazel Ahamad Manawi, a déclaré : « Le Conseil des oulémas, en tant qu’autorité morale, soutient un appel auprès de toutes les parties au conflit à respecter la sécurité des professionnels des médias et surtout à libérer tous les otages ». Avant de préciser : « Une solution négociée doit s’accompagner de mesures pratiques pour lutter contre la pauvreté, le chômage et la corruption qui sont les origines de ces problèmes ».
Enfin, Makhdom Raheen, ministre de l’Information et de la Culture, a décrit une « situation effrayante ». Il a assuré aux représentants de Reporters sans frontières que tout était fait de la part des autorités pour obtenir la libération des otages : » Notre ministère est très engagé en faveur des journalistes, mais comme vous le savez, les prises d’otages touchent tout le monde, ainsi notre ambassadeur au Pakistan est kidnappé depuis plus d’un an. Mais pour les journalistes otages, personnellement et au nom du gouvernement, je peux vous dire que nous faisons tout pour obtenir leur libération ».
(. . .)