(RSF/IFEX) – Cinq ans après les faits, les assassins du journaliste Slavko Curuvija sont toujours en liberté. Ils auraient été identifiés par un témoin oculaire, mais la police affirme ne pas disposer de preuves suffisantes pour inculper les suspects. « Nous espérons que l’engagement affiché de votre gouvernement à identifier et punir les responsables de ce […]
(RSF/IFEX) – Cinq ans après les faits, les assassins du journaliste Slavko Curuvija sont toujours en liberté. Ils auraient été identifiés par un témoin oculaire, mais la police affirme ne pas disposer de preuves suffisantes pour inculper les suspects.
« Nous espérons que l’engagement affiché de votre gouvernement à identifier et punir les responsables de ce meurtre ne relevait pas de la simple promesse électorale. La famille de Slavko Curuvija, ainsi que ses collègues en Serbie et dans le monde, demandent qu’aucun effort ne soit épargné pour que justice lui soit enfin rendue », a écrit RSF au ministre de l’Intérieur, Dragan Jocic.
A l’occasion de la célébration du cinquième anniversaire de la mort de Curuvija, le 11 avril 2004, les autorités ont multiplié les déclarations sur cette affaire. Alors que l’ancien ministre adjoint de l’Intérieur, Nenad Milic, a confirmé qu’un témoin oculaire avait identifié les assassins du journaliste, son successeur, Miroslav Milosevic, a précisé que la police ne disposait pas de « preuve valable » contre les suspects. L’inspecteur général de la police, Vladimir Bozovic, a indiqué qu’une équipe spéciale se consacrait à la résolution de cette affaire.
Le 9 décembre 2003, quelques jours avant les élections législatives, le parquet spécial et le Bureau pour la lutte contre le crime organisé avaient annoncé qu’un témoin oculaire avait formellement identifié deux personnes suspectées du meurtre de Curuvija, dont l’identité ne pouvait être révélée. Par la suite, la police n’a fourni aucune information supplémentaire sur ce témoignage.
Dans le cadre de l’état d’urgence, prononcé le 12 mars 2003 après l’assassinat du Premier ministre, Zoran Djindjic, le procureur adjoint de la République, Milan Sarajlic, avait été suspendu de ses fonctions et arrêté, ainsi que d’autres magistrats soupçonnés d’être liés à la mafia. Selon le ministère de l’Intérieur, Sarajlic aurait avoué, au cours de sa détention, avoir collaboré avec le clan de Zemun, un puissant groupe mafieux, et avoir activement fait obstruction à l’enquête sur l’assassinat de Curuvija. Le 21 mars 2003, Sinisa Simic, procureur de la République responsable de l’enquête, avait été limogé.
Curuvija, directeur des journaux « Dnevni Telegraf » et « Evropljanin », avait été assassiné devant son domicile à Belgrade, le 11 avril 1999. Deux inconnus cagoulés avaient tiré plusieurs coups de feu sur le journaliste alors qu’il rentrait chez lui avec son épouse. Ses publications critiques à l’encontre du régime de Slobodan Milosevic lui avaient valu un harcèlement constant de la part des autorités.
Le 6 avril 1999, quelques jours avant sa mort, le journaliste avait été qualifié de « traître » et accusé d’être favorable à l’attaque de l’OTAN dans un article de « Ekspres Politika ». L’ancien rédacteur en chef du journal, Djordje Martic, avait reconnu, le 14 avril 2001, que cet article avait été écrit sur commande de Mirjana Markovic, épouse de Milosevic.