(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 5 novembre 2001 : Trente-neuf prédateurs de la liberté de la presse Huit nouveaux noms sur la liste de RSF : Les services de sécurité palestiniens (Autorité palestinienne), Joynal Hazari (Bangladesh), Issaias Afeworki (Erythrée), Shaul Moffaz (Israël), Mahathir Mohamad (Malaisie), Mswati III (Swaziland), Gnassingbé […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 5 novembre 2001 :
Trente-neuf prédateurs de la liberté de la presse
Huit nouveaux noms sur la liste de RSF : Les services de sécurité palestiniens (Autorité palestinienne), Joynal Hazari (Bangladesh), Issaias Afeworki (Erythrée), Shaul Moffaz (Israël), Mahathir Mohamad (Malaisie), Mswati III (Swaziland), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Robert Mugabe (Zimbabwe).
Reporters sans frontières (RSF) rend publique aujourd’hui la liste des trente-neuf prédateurs de la liberté de la presse. Après avoir établi le 3 mai 2001 une liste de trente et un prédateurs, RSF ajoute huit nouveaux visages.
– Les services de sécurité de l’Autorité palestinienne. Ils ont convoqué, détenu arbitrairement ou menacé des journalistes qui s’étaient fait l’écho de critiques à l’égard de l’Autorité palestinienne. Certains correspondants de médias internationaux ont été empêchés de couvrir les manifestations de joie suite aux attentats du 11 septembre 2001.
– Joynal Hazari, politicien bangladeshi de la Ligue Awami. De nouveau investi par son parti pour les élections d’octobre 2001, cet ancien député, impliqué dans des trafics d’armes, a commandité de nombreuses attaques contre des journalistes.
– Issaias Afeworki, président de l’Erythrée. Depuis le 18 septembre 2001, l’Erythrée est le seul pays du continent africain où la presse privée n’existe plus.
– Shaul Moffaz, chef d’état-major de l’armée israélienne. Depuis le début de la seconde Intifada, plus de trente journalistes ont été blessés, parfois grièvement, par des tirs de soldats de Tsahal.
– Mahathir Mohamad, Premier ministre de Malaisie. Le gouvernement use et abuse de la loi sur la presse et de la loi sur la sécurité intérieure pour museler les médias d’opposition. Des magazines internationaux sont souvent interdits de diffusion.
– Mswati III, roi du Swaziland. Toute critique de la monarchie est interdite et la censure généralisée. Le roi a adopté un décret lui permettant d’interdire toute publication sans fournir de raison.
– Gnassingbé Eyadéma, président du Togo. Doyen des présidents d’Afrique, il ne tolère pas les critiques. Un journaliste a été condamné récemment à dix-huit mois de prison et des dizaines de journaux sont régulièrement saisis.
– Robert Mugabe, président du Zimbabwe. La presse indépendante et les reporters étrangers sont la cible du régime : des listes de journalistes « à abattre » circulent chez les partisans de M. Mugabe, et huit professionnels des médias ont été interpellés en août 2001.
Les violations de la liberté de la presse ont des responsables et des commanditaires. Qu’ils soient président, ministre, procureur général, chef d’Etat-major, guide de la Révolution ou simplement leader d’un groupe armé, ces prédateurs de la liberté de la presse ont le pouvoir de faire emprisonner, enlever, torturer et, dans le pire des cas, assassiner des journalistes. Parce que ces prédateurs ont des visages, il faut les connaître pour mieux les dénoncer. Aussi, Reporters sans frontières a décidé d’en dresser les portraits. Aujourd’hui, outre les huit nouveaux, on retrouve le Mollah Mohammad Omar (Afghanistan), Eduardo dos Santos (Angola), Fahd ibn al-Seoud (Arabie saoudite), Alexandre Loukachenko (Biélorussie), Than Shwe (Birmanie), François Compaoré (Burkina Faso), Jiang Zemin (Chine), Carlos Castaño (Colombie), Manuel Marulanda et Nicolás Rodríguez Bautista (Colombie), Kim Jong-il (Corée du Nord), Fidel Castro (Cuba), ETA (Espagne), Meles Zenawi (Ethiopie), Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale), Saddam Hussein (Irak), Ali Khamenei (Iran), Khamtai Siphandon (Laos), Mouammar Kadhafi (Libye), Islam Karimov (Ouzbékistan), Kirsan Ilioumjinov (République de Kalmoukie – Fédération de Russie), Joseph Kabila (République démocratique du Congo), Vladimir Poutine (Russie), Paul Kagamé (Rwanda), Bachar el-Assad (Syrie), La mafia du kidnapping (Tchétchénie), Zine el-Abidine Ben Ali (Tunisie), Saparmurat Niyazov (Turkménistan), Hüseyin Kivrikoglu (Turquie), Leonid Koutchma (Ukraine), Nong Duc Manh (Viêt-nam).
Depuis la parution de la première liste, en mai dernier, certains prédateurs ont intensifié la répression. En Tunisie, le président Ben Ali a fait emprisonner la journaliste Sihem Bensedrine pendant six semaines. En Afghanistan, mollah Omar, après avoir banni Internet, a fait arrêter cinq journalistes étrangers depuis le 11 septembre. Le président chinois Jiang Zemin a fait arrêter plus de dix cyberdissidents. A Cuba, Fidel Castro a fait incarcérer un cyberdissident. En Russie, le président Poutine a mis à exécution sa politique de prise de contrôle des médias d’audience nationale. Enfin, en République démocratique du Congo, les différents services de sécurité ont interpellé une dizaine de journalistes en moins de quatre mois.
Plusieurs de ces prédateurs ont été les commanditaires d’assassinats de journalistes. Ils n’ont jamais été inquiétés par la justice. C’est pourquoi Reporters sans frontières a mis en place le réseau Damoclès. Cette structure permettra de tout mettre en oeuvre pour que les prédateurs d’hier et d’aujourd’hui ne puissent plus vivre en toute impunité dans leur pays ou à l’étranger. Les dictateurs et chefs de guerre en tout genre doivent répondre de leurs crimes devant la justice internationale. Il est temps d’en finir avec l’impunité.
Les portraits des prédateurs sont consultables sur le site www.rsf.org.