(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 7 août 2000: Iran Reporters sans frontières : « Ali Khamenei démontre une nouvelle fois qu’il est l’un des « prédateurs » pour la liberté de la presse les plus dangereux » Six mois après les élections législatives, Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de la situation de la […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 7 août 2000:
Iran
Reporters sans frontières : « Ali Khamenei démontre une nouvelle fois qu’il est l’un des « prédateurs » pour la liberté de la presse les plus dangereux »
Six mois après les élections législatives, Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de la situation de la liberté de la presse en Iran. Le 6 août 2000, le Guide de la République islamique, l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei, a obligé le Parlement, dominé par les réformateurs, à retirer de l’ordre du jour le débat sur l’amendement de la loi sur la presse. Cette dernière, adoptée en avril dernier par un Parlement encore contrôlé par les conservateurs, est particulièrement liberticide. Pour Robert Ménard, secrétaire général de RSF, « cette décision étouffe tout espoir de libéralisation du régime et démontre qu’Ali Khamenei est l’un des vingt prédateurs pour la liberté de la presse les plus dangereux recensés par RSF ». « Le courant conservateur garde en fait la réalité du pouvoir », a ajouté Robert Ménard, qui a dénoncé « une décision prise au mépris de la volonté populaire qui s’était prononcée pour une démocratisation et une libéralisation du régime lors des élections législatives de février 2000 ». L’adoption, en avril 2000, de la nouvelle législation sur la presse par les conservateurs a marqué le début d’une campagne de censure de la presse réformatrice. Au cours des derniers jours, deux nouveaux journalistes ont été arrêtés, deux autres condamnés à des peines de prisons et deux publications ont été suspendues. Cette nouvelle vague de répression porte à vingt-trois le nombre des publications suspendues depuis le 1er janvier 2000 et à onze celui des journalistes actuellement emprisonnés. L’Iran est, après la Birmanie, la plus grande prison du monde pour les journalistes.
Le 6 août 2000, l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei a, en vertu de ses prérogatives constitutionnelles, contraint le Parlement à annuler une discussion, prévue le jour même, sur un amendement visant à réviser la loi sur la presse en libéralisant les activités journalistiques. La loi sur la presse a été définitivement adoptée le 17 avril dernier par le Parlement sortant. Elle interdit à un journal suspendu de réapparaître sous un nouveau nom et rend plus difficile l’octroi d’une licence pour une publication. Le texte prévoit également qu’un journaliste qui a déjà fait l’objet d’une condamnation ne peut plus exercer sa profession et que la responsabilité des articles n’incombent plus seulement au directeur de la publication mais peut aussi être imputée à l’auteur même de l’article. D’autres articles de la loi interdisent « toute aide étrangère directe ou indirecte aux journaux » et la publication d’articles critiquant la constitution.
Le 7 août, le tribunal de presse de Téhéran a délivré un mandat d’arrêt contre Ahmad Zeid-Abadi, journaliste pour le quotidien réformateur Hamchahri, en raison de son « refus de comparaître devant la cour ». Deux jours plus tôt, Hassan Youssefi Echkevari, ancien collaborateur du mensuel Iran-e-Farda, actuellement interdit, a été placé en détention provisoire à la prison d’Evine, à Téhéran, après la perquisition de son domicile par le tribunal du clergé et alors qu’il venait de rentrer d’Europe. M. Echkevari est accusé d’avoir « porté atteinte à la sécurité du pays » et de « diffamation envers l’Islam et les autorités ». Il avait participé en avril dernier à une conférence à Berlin, jugée « anti-islamique » et « anti-révolutionnaire » par les autorités iraniennes. Atteint du diabète, il était resté en Europe pour se faire soigner. Son incarcération à la prison d’Evine risque d’aggraver son état de santé déjà fragile.
Par ailleurs, deux journalistes ont été condamnés par les tribunaux iraniens. Le 5 août, Ahmad Hakimi-Pour, directeur de l’hebdomadaire libéral Omid-e-Zanjan, a été condamné à deux mois de prison ferme et un an d’interdiction de toute activité journalistique par le tribunal de la presse de Téhéran. Il a été reconnu coupable d’avoir insulté le commandant des Gardiens de la Révolution, le général Rahim Safavi. Le directeur du journal dispose de vingt jours pour interjeter appel. Le même jour, Nasser Jafari, directeur de l’hebdomadaire Techmeh-e-Ardebil, a été condamné à un mois de prison avec sursis et à une amende d’un million de rials (150 euros) « pour insulte envers les responsables du régime ». Le journal, publié à Ardebil, dans l’Azerbaïdjan iranien, au nord-ouest du pays, a été suspendu pour quatre mois. M. Jafari a fait appel de cette décision. L’audience se tiendra le 9 août 2000. L’hebdomadaire réformateur Tavana a également été suspendu, le 5 août, pour une durée indéterminée sur décision du tribunal de la presse de Téhéran. Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique avait récemment demandé aux responsables du journal de ne plus publier de caricatures considérées comme des « insultes et des offenses contre les responsables du régime et ses institutions ».
RSF a recensé vingt prédateurs de la liberté de la presse qui sévissent actuellement dans le monde : Mohammed Omar Akhunzada [Afghanistan], Eduardo Santos [Angola], Fahd el-Saoud [Arabie saoudite], Alexandre Loukachenko [Biélorussie], Than Shwe [Birmanie], Jiang Zemin [Chine], Kim Jong-il [Corée du Nord], Fidel Castro [Cuba], Méles Zenawi [Ethiopie], Saddam Hussein [Irak], Ali Khamenei [Iran], Mou’ammar Kadhafi [Libye], Islam Karimov [Ouzbékistan], Laurent-Désiré Kabila [République démocratique du Congo], Paul Kagame [Rwanda], Bachar el-Assad [Syrie], Zine el-Abidine Ben Ali [Tunisie], Sapamurat Niyazov [Turkménistan], Le Kha Phieu [Vietnam] et Slobodan Milosevic [République fédérale de Yougoslavie].