(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Lucien Messan libéré, un autre journaliste transféré à la prison de Lomé Reporters sans frontières (RSF) se félicite de la libération de Lucien Messan, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Le Combat du Peuple. Le journaliste a été gracié par le chef de l’Etat, dans […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Lucien Messan libéré, un autre journaliste transféré à la prison de Lomé
Reporters sans frontières (RSF) se félicite de la libération de Lucien Messan, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Le Combat du Peuple. Le journaliste a été gracié par le chef de l’Etat, dans la soirée du 28 octobre 2001. Il était détenu depuis le 23 mai à la prison civile de Lomé. Joint au téléphone par RSF, Lucien Messan a affirmé que la « prison n’avait rien changé » et qu’il allait reprendre son travail. Il a également dénoncé ses conditions de détention : « Nous étions 1 200 prisonniers dans une cour de 60 mètres sur 60. Si vous n’avez pas d’argent, vous crevez. C’était affreux. Je n’ai pas reçu de visite pendant plus d’un mois ».
RSF demande aux autorités de libérer Alphonse Klu, le dernier journaliste emprisonné dans le pays. Le directeur du Nouvel Echo a été transféré, le 26 octobre, à la prison civile de Lomé. Il s’était présenté, deux semaines auparavant, dans les locaux du ministère de l’Intérieur, suite à une convocation. Il avait été immédiatement placé en garde à vue à la gendarmerie de Lomé. La police exige qu’il divulgue ses sources sur un article affirmant qu’un baron du pouvoir dissimulerait « plusieurs milliards » de francs CFA dans son sous-sol.
Lucien Messan avait été condamné, le 5 juin 2001, à dix-huit mois de prison dont six avec sursis pour « faux et usage de faux » par la quatrième chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Lomé. En fait, on lui reprochait d’avoir apposé sa signature au bas d’un communiqué de l’Association togolaise des éditeurs de la presse privée (ATEPP) alors qu’il n’est pas directeur de cette publication. C’est son fils, Messan S. Junior, directeur du Combat du Peuple, qui est seul habilité à signer les documents de l’ATEPP. Ce communiqué dénonçait cette affirmation du Premier ministre togolais : « Les directeurs de publication ont été unanimes pour affirmer qu’il n’y a jamais eu des centaines de morts au Togo ». L’ATEPP accusait le gouvernement de « chercher à se servir de la presse privée ».
L’arrestation de Lucien Messan avait été orchestrée par le ministre de l’Intérieur, le général Sizing Walla. C’est lui qui avait ordonné les poursuites contre le journaliste. En août 2000, le journaliste avait porté plainte contre le ministre de l’Intérieur pour « abus de pouvoir », suite aux saisies répétées d’exemplaires du Combat du Peuple.
Agé de 55 ans, Lucien Messan est le doyen de la presse privée togolaise. Il est connu pour être l’un des journalistes les plus virulents envers le régime de Gnassingbé Eyadéma. Il avait déjà été interpellé en septembre 1998 et accusé de « diffusion de fausses informations ».