(RSF/IFEX) – Un document obtenu par le magazine britannique « New Scientist » indique qu’un laboratoire de Microsoft basé en Chine mène actuellement des recherches sur un logiciel capable d’analyser précisément les comportements en ligne des internautes et d’établir leur profile (âge, sexe, origine géographique, etc.). L’objectif de l’entreprise américaine est de mieux connaître ses utilisateurs, afin […]
(RSF/IFEX) – Un document obtenu par le magazine britannique « New Scientist » indique qu’un laboratoire de Microsoft basé en Chine mène actuellement des recherches sur un logiciel capable d’analyser précisément les comportements en ligne des internautes et d’établir leur profile (âge, sexe, origine géographique, etc.). L’objectif de l’entreprise américaine est de mieux connaître ses utilisateurs, afin notamment de leur délivrer une publicité ciblée.
« Les technologies sur lesquelles travaillent Microsoft permettraient de récolter des informations à l’insu des internautes. A terme, elles pourraient aboutir à la création de fichiers permettant de repérer les citoyens ‘subversifs’. Tel n’est certainement pas le souhait de cette entreprise. Nous considérons toutefois qu’il est inacceptable de mener ce type de recherche sensible dans un pays tel que la Chine, où cinquante personnes sont actuellement emprisonnées pour des textes publiés sur le Net. Les géants de l’Internet américains, comme Yahoo!, Google et Microsoft, recueillent une quantité d’information faramineuse sur leurs utilisateurs. C’est une question déjà épineuse dans des pays de droit. Cette collecte de données pose bien entendu encore d’avantage de problèmes éthiques lorsqu’elle est effectuée dans un pays comme la Chine qui ne respecte absolument pas la vie privée des internautes. Nous devons nous assurer que les technologies développées par ces entreprises ne permettent pas aux pays répressifs de surveiller plus efficacement leur population », a déclaré Reporters sans frontières.
Dans un article du 16 mai 2007, le « New Scientist » a révélé que Microsoft travaillait sur un logiciel capable de deviner l’âge, le sexe et même l’origine géographique d’un internaute en analysant son surf. Ce système permettrait de vérifier et de préciser les informations données volontairement par les internautes lors de leur inscription à des services en ligne. Le magazine se basait sur une étude intitulée « Prédiction démographique basée sur les comportements en ligne » (télécharger le .pdf sur http://www.rsf.org ) publiée par des chercheurs travaillant pour un laboratoire de Microsoft basé à Pékin. Selon ce document, la collecte d’information serait effectuée en analysant le « cache » des navigateurs (historique de navigation) ainsi que grâce à des « cookies » (petits logiciels espions) installés sur la machine de l’internaute.
Il est envisageable que, dans le contexte chinois, ce type de technologie soit utilisé pour repérer les internautes qui accèdent régulièrement à des contenus « subversifs », par exemple des sites d’informations critiques du régime. Il deviendrait alors possible pour les autorités d’identifier une population d’internautes « sensibles », voire même de les localiser au moyen de l’adresse IP de leur ordinateur (numéro d’identification que chaque internaute révèle lorsqu’il surfe sur le Toile).
Cette étude de Microsoft intervient dans un contexte de lutte des autorités chinoises contre l’anonymat sur Internet. La Société Internet de Chine (SIC), affiliée au ministère de l’Industrie de l’Information, a publié un texte, le 22 mai 2007, demandant aux services de blogs d’inciter leurs utilisateurs à s’enregistrer sous leur vrai nom et à faire preuve « d’auto-discipline ». Le président Hu Jintao et le bureau politique du Parti communiste se sont par ailleurs réunis, le 23 avril 2007, afin de réfléchir à un meilleur contrôle d’Internet, affirmant vouloir « l’assainir ».
Les données stockées par les entreprises du secteur d’Internet sont un sujet de préoccupation dans de nombreux pays. Un organisme consultatif européen a par exemple écrit à Google, mi-mai, pour critiquer sa politique de protection des données privées. L’entreprise américaine avait pourtant annoncé que ses fichiers seraient rendus anonymes – c’est-à-dire que serait effacée l’adresse IP – après 24 mois. Ses concurrents Yahoo! et Microsoft n’ont pas mis en place ce type de limitation.