(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète des restrictions et sanctions imposées aux médias dans le cadre de l’état d’urgence instauré en Serbie depuis l’assassinat du Premier ministre Zoran Djindjic, le 12 mars 2003. « La proclamation de l’état d’urgence ne doit pas priver les citoyens de Serbie-Monténégro de leur droit fondamental à être informés, ni les médias de […]
(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète des restrictions et sanctions imposées aux médias dans le cadre de l’état d’urgence instauré en Serbie depuis l’assassinat du Premier ministre Zoran Djindjic, le 12 mars 2003.
« La proclamation de l’état d’urgence ne doit pas priver les citoyens de Serbie-Monténégro de leur droit fondamental à être informés, ni les médias de couvrir librement la crise traversée par le pays », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dans un courrier adressé au nouveau Premier ministre, Zoran Zivkovic. « Nous vous demandons de lever au plus vite l’état d’urgence et de faire tout votre possible, tant que cette situation durera, pour garantir des conditions de travail normales pour les médias », a-t-il ajouté.
Le 17 mars est entré en vigueur le « décret sur la prévention de l’information publique, la distribution de la presse et autres notifications concernant les raisons de la proclamation de l’état d’urgence et les mesures appliquées dans ce cadre ». Signé par Natasa Micic, président du Parlement, ce décret interdit aux médias de publier des informations sur l’assassinat de Djindjic qui n’ont pas été confirmées par le gouvernement. Il prévoit des peines d’amendes allant jusqu’à 500 000 dinars (environ 8 700 $US ; 8 250 euros) et la suspension temporaire de tous types de médias. Le 12 mars, le vice-Premier ministre Zarko Korac a fait des recommandations aux rédacteurs en chef de plusieurs médias de la capitale sur la façon dont ils devaient travailler dans le cadre de l’état d’urgence.
Le 18 mars, la distribution et la publication du quotidien de Belgrade « Nacional » ont été interdites pour toute la durée de l’état d’urgence, après la publication de plusieurs articles questionnant l’état d’urgence et les mesures prises par le gouvernement dans ce cadre. La maison d’édition de « Nacional », NIP info orfej, a été condamnée à payer 500 000 dinars d’amende. Pour les mêmes raisons et le même jour, le ministère de la Culture et de l’Information a suspendu la distribution du quotidien « Dan » de Podgorica (Monténégro). La société STAMPA Komerc Distributing Company a été condamnée à payer une amende de 200 000 dinars (environ 3 500 $US ; 3 300 euros). Le ministère a également donné un avertissement au quotidien belgradois « Vecernje Novosti », suite à la publication dans le numéro du jour d’un article intitulé « Petit village – Gros rat », en référence à l’arrestation d’un suspect dans le cadre du meurtre du Premier ministre.
Le 17 mars, l’hebdomadaire belgradois « Identitet » a été interdit et condamné à 500 000 dinars d’amende afin d’empêcher de la publication de plusieurs articles dans le numéro 70 sur les raisons de la mise en place de l’état d’urgence. Le directeur de « Identitet », Srdjan Mijailovic, est par ailleurs soupçonné d’avoir pris part à l’assassinat de Djindjic, de même que Milorad Lukovic Legija, qui finance le journal.
Enfin, la transmission de Marsh TV, chaîne de Valjevo (centre de la Serbie) a été interrompue temporairement pour avoir diffusé de la musique au cours des obsèques de Djindjic et pour avoir émis des commentaires sur ce dernier et sur le gouvernement. La chaîne et son directeur ont été condamnés à payer respectivement une amende de 500 000 dinars et de 100 000 dinars (environ 1 730 $US ; 1 650 euros).